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Faut-il faire grève en période de crise ?

Pour le sociologue consulté, la colère rentrée a besoin d'un exutoire. Pour l'avocat, la grève s'adresse au politique... qui n'y peut plus grand chose.

Pour le sociologue consulté, la colère rentrée a besoin d'un exutoire. Pour l'avocat, la grève s'adresse au politique... qui n'y peut plus grand chose. - -

Exutoire pour les uns, illusion pour les autres, la grève de ce jeudi est un cri de colère toutefois compréhensible. Mais y'a-t-il d'autres solutions ? Venez en débattre.

Faut-il faire grève en pleine crise ?
Voici les arguments de nos experts. Donnez-nous votre avis dans le forum ci dessous

Oui, c'est un exutoire

Henri Vaquin, sociologue : « Le salariat a un sentiment de relative impuissance, un sentiment d'injustice, une colossale incertitude. On dit la France irréformable... Mais le monde du travail a beaucoup changé sur les trente dernières années. Maintenant, on préfère les pétitions ou les débrayages aux grandes manifestations, mais il y a bien une colère rentrée. Et il est très important qu'une certaine "conflictualité" se manifeste, à titre d'exutoire. Sinon, dans la tradition de notre pays ça peut vite rentrer dans une colère très ouverte. En fait, le syndicalisme français fait œuvre de régulation sociale. »

Non, c'est une illusion
Mathieu Laine, avocat : « Jeudi, il n'y a pas que la grève. Il y a un cri. On peut comprendre ce cri parce que c'est un cri d'angoisse. En revanche, le matérialiser dans une grève, à mon sens, ça ne servira pas à grand-chose. Pourquoi ? Si on fait une grève c'est pour faire pression sur quelqu'un. Ce quelqu'un, c'est le politique. Et ce politique... il ne peut pas grand-chose ! On est en train de se mordre la queue, de se donner une illusion : on va se mobiliser tous ensemble -avec un phénomène collectif un peu festif- mais ça ne servira pas à grand-chose. Et cette grève hélas, ça fait un jour de PIB en moins, au moment où il faudrait quand même travailler... Et puis tout ceux qui ne font pas la grève vont en payer les conséquences, parce qu'on ne peut pas mettre un enfant à la crèche, parce qu'on ne peut pas aller travailler. Je ne suis pas pour. A son député, plutôt que de lui dire : tu vas me trouver un emploi, il faut lui dire : laisse moi vivre, arrête de tout me promettre, de tout vouloir décider depuis l'Elysée. Le pouvoir est au fond de chacun de nous. Bougeons-nous, responsabilisons-nous. Si le politique a le sentiment que c'est ce message qui est en train de passer dans la population... Le politique, qui change très facilement d'avis, s'il sent qu'il est poussé vers ça pour gagner la prochaine élection, vous allez voir qu'il va proposer des choses. »

La rédaction