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En colère, les habitants délogés témoignent

Plus de 1500 maisons doivent être détruites...

Plus de 1500 maisons doivent être détruites... - -

Les propriétaires de logements situés dans les « zones noires » vont-ils se tourner vers la justice ? Reportage en Vendée, où la colère et l’incompréhension règnent.

Les sinistrés de Xynthia vont-ils se tourner désormais vers la justice ? En tout cas, la majorité des propriétaires concernés par les annonces de destruction ne comptent pas en rester là. C’est le cas de Yannick Jaulin, un habitant de La Faute-sur-Mer, qui, sonné par la décision de destruction qu'il vient d'apprendre, refuse de partir : « On va voir comment on peut se défendre, en s’associant. Qu’on fasse des analyses sérieuses. On nous expulse alors qu’on a pas eu d’eau dans la maison. A 55 ans, tout recommencer, reconstruire une maison, à charge, c’est très dur à avaler ! ».

« Parce que Sarko a décidé de détruire des maisons »

Au total, plus de 1 500 maisons doivent être détruites, dont 915 en Vendée et 595 en Charente Maritime. Et malgré les indemnisations que l’Etat promet [ndlr, en moyenne 250.000 euros selon Bernard Spitz, président de la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA)], la colère et l’incompréhension des sinistrés persistent.
« Une somme dérisoire », estime Denis, qui habite l'Aiguillon-sur-Mer et doit quitter sa maison : « On perd tout, toute une vie, des souvenirs… Qu’on renforce la digue, qu’on fasse des protections plus hautes et qu’on garde notre bien ! »
« Un sentiment d’injustice énorme », ajoutent Pauline et son père Dominique, habitant Pointe de l'Aiguillon, qui sera entièrement vidée : « il y a des risques partout, alors pourquoi détruire des maisons encore viables ? […] Parce que Sarko a décidé de détruire des maisons… ?! »

« Ils ont pris un stabilo et ont détruit 30 ans de notre vie »

La maison d’Evelyne Gallais, sa résidence principale à L’Aiguillon-sur-Mer, sera détruite. Pourtant, elle n’a pas été touchée par la tempête. Très en colère et émue, mais résignée, elle explique : « On ne comprend pas ; on n’a rien eu nous, on a même hébergé des sinistrés !
Quand on décide à Paris, on n’est pas sur place, on ne voit pas. Moi j’aimerais bien qu’ils viennent nous voir, voir ce qu’on va détruire, 30 ans de notre vie… J’ai l’impression qu’ils ont pris un stabilo, ont tracé des grands traits et ont dit : ok, on est d’accord. On ne nous a rien demandé ! »

« C’est la faute du préfet, il avait qu’à évacuer les gens ! »

Les réunions publiques qui se sont tenues ce jeudi dans les communes les plus touchées de Vendée et Charente Maritime, se sont déroulées dans la douleur et l'agitation. Les préfets ont essuyé les critiques des habitants, très remontés.
Sifflements et cris de protestations se sont en particulier faits entendre lorsque les autorités ont rappelé que cette « cartographie a été approuvée par les ministres ». Et devant un préfet qui refuse d’assumer la responsabilité de cette catastrophe et ses conséquences, un habitant lance même : « c’est la faute du préfet, il avait qu’à évacuer les gens ! Ça faisait 3 jours qu’il y avait l’alerte rouge à la télé. C’est un bon à rien, faut le virer ! » Applaudissements.

« L’Etat aurait du réparer les digues depuis 10 ans ! »

Certains maires, qui se sont désolidarisés des choix de l'Etat, ont d'ores et déjà demandé une révision du zonage pour en réduire l'ampleur.
Thierry Demaegdt, habitant de Charron et président de l’association des sinistrés de Charron, a « failli mourir » dans sa maison, qu’il accepte donc de voir détruite. Mais il se dit tout de même « très surpris par la brutalité et le totalitarisme de la décision annoncée hier » et souligne la responsabilité de l’Etat : « ça fait plus de 10 ans que l’Etat aurait du réparer les digues ! On va consulter les sinistrés qui contestent et demander à l’Etat de revoir à l’amiable les zones noires discutables. »