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Manifestations

Des avocates manifestent contre les propos sexistes d'un confrère

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Une trentaine d'avocates ont manifesté jeudi à Bordeaux contre un confrère qui juge que les femmes avocates n'ont pas "les épaules assez larges" pour le pénal.

Des avocates à barbe préhistorique, munies de spatules, de louches et autres ustensiles de cuisine, scandant des slogans féministes : jeudi, les Bordelais ont pu assister à une drôle de manifestation devant le Palais de justice.

En cause, les propos tenus par un ténor du barreau local, Me Pierre Blazy. L'homme a estimé que les femmes n'avaient pas "les épaules assez larges" pour certaines affaires pénales, réagissant à la nomination d'une femme, Me Anne Cadiot-Feidt, au poste de bâtonnier, ce qui correspond au plus haut grade du barreau local.

"Si nous n'avons pas les épaules assez larges, nous en avons plein le dos d'entendre des propos sexistes, misogynes", lui ont rétorqué jeudi la trentaine de manifestants, principalement des femmes. "Ces propos ne sont que la partie visible de l'iceberg, certains messieurs considèrent que nous, avocates, devons nous contenter des affaires familiales, de la petite justice des mineurs, des petits dossiers au tribunal d'instance... Bref, des sujets féminins !"

En 1907, la première plaidoirie d'une femme

Une poignée de collègues masculins se sont joints au rassemblement, dont le bâtonnier en exercice Me Bernard Quesnel, venu exprimer "sa solidarité avec d'autres avocats", après des propos qu'il a qualifiés de "consternants".

Le bâtonnier a reconnu qu'"il existe dans la profession comme dans la societé une discrimination, c'est une évidence", mais a qualifié ce type de propos "d'extrêmement minoritaire", reflétant "probablement une question de génération".

En 1907, Jeanne Chauvin fut la première femme à plaider devant une cour en France. A l'époque, de nombreuses voix s'étaient élevées pour protester contre sa nomination en tant qu'avocate, raillant dans une série de cartes postales humoristiques l'idée qu'une femme puisse exercer comme ses confrères masculins. Plus de cent ans après, cette vision ne semble pas avoir changé pour certains.

Alexandra Gonzalez (avec AFP) et sujet vidéo : Céline Pitelet et Baptiste Gapenne