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Canons à eau utilisés à Paris: du jamais vu "depuis plusieurs dizaines d’années"

Des camions à eau ont été mis en marche pour disperser les manifestants aux Invalides lors de la manifestation contre la loi Travail mardi à Paris. Un fait très rare, a reconnu le préfet de police de Paris Michel Cadot.

Des images très rares. Lors de la manifestation parisienne anti-loi Travail de mardi, l'une des plus difficiles depuis le début de la contestation selon le préfet de police de Paris Michel Cadot qui a dénoncé "un niveau de violence pas connu depuis des années" avec environ "1.000 casseurs", des canons à eau ont été pour disperser la foule aux Invalides. 

Si ces armes anti-émeutes ont parfois été utilisées dans d'autres villes de France - récemment à Lyon ou à Nantes par exemple - c'est du jamais vu dans la capitale "depuis plusieurs dizaines d’années", selon Michel Cadot. 

Trois engins lanceurs d’eau

Lors d'un point presse ce mercredi, le préfet de police est revenu sur leur usage: 

"Ça a soulevé beaucoup de questions de la part de certains manifestants ou de certains médias. Nous avions prépositionné - ce qui ne s’est pas fait depuis plusieurs dizaines d’années - trois engins lanceurs d’eau, des canons à eau comme on dit dans le langage courant, le long du parcours, et qui ont été utilisés à partir des difficultés constatées au niveau rue de Sèvre."

Ces engins venaient s'additionner aux "plus de 1.500 forces de police en unités de forces mobiles" et "près d’un millier de fonctionnaires de police de la préfecture" déployés pour encadrer le cortège, a-t-il précisé. "Donc un dispositif assez lourd, assez exceptionnel par son ampleur, mais qui était nécessaire compte tenu de l’importance du public venant manifester et des risques tels qu’ils avaient été identifiés", a-t-il dit, ajoutant que 1.500 grenades et 175 grenades de désencerclement avaient été utilisées, et qu'un tir de balles de défense avait eu lieu.

"50 minutes" pour obtenir l'autorisation de les utiliser

Mi-mai, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait annoncé que les canons à eau pourraient être utilisés pour maintenir l'ordre dans les manifestations. "Les canons à eau sont positionnés et pourront être utilisés en cas de difficulté de dispersion des manifestations", avait-il indiqué.

Mais pour les syndicats de policiers, leur utilisation mardi aurait dû intervenir plus tôt. Contacté par BFMTV.com Nicolas Comte, le secrétaire général SGP Police, regrette une utilisation tardive. Il explique que les agents de la compagnie d’intervention de Paris ont appelé des renforts, mais qu'il s'est écoulé "50 minutes" avant qu'ils obtiennent l'autorisation d'utiliser les canons à eau, alors qu'on leur a retiré les grenades de désencerclement. Or, entre-temps, les fonctionnaires ont reçu des projectiles. Le responsable syndical dénonce "un maintien de l'ordre sans matériel à disposition", qui a fait des blessés parmi les forces de l'ordre.

Loïc Travers, secrétaire national adjoint Ile-de-France du syndicat de police Alliance, a lui aussi fait part de son souhait de pouvoir utiliser le canon à eau plus rapidement. "Quand on sait, dans la doctrine d'emploi, que le canon à eau est l'égal, quelque part, du lancer de grenade à main ou de l'utilisation de la bombinette, ou encore de l'utilisation du tonfa, on se dit: mais comment se fait-il que le préfet de police ou le directeur de la DOPC ne donne pas cette possibilité tout de suite?", a-t-il déploré ce mercredi sur iTélé. "C'est le premier degré de réponse qu'on devrait avoir."

V.R. avec Justine Chevalier