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Manifestations

Appel à la mobilisation contre la politique sécuritaire

Lors du démantèlement d'un campement illégal de Roms à Villeneuve d'Ascq, près de Lille, à la fin du mois d'août. Opposition de gauche, syndicats et associations appellent à descendre dans la rue ce samedi pour protester contre le tour de vis sécuritaire

Lors du démantèlement d'un campement illégal de Roms à Villeneuve d'Ascq, près de Lille, à la fin du mois d'août. Opposition de gauche, syndicats et associations appellent à descendre dans la rue ce samedi pour protester contre le tour de vis sécuritaire - -

par Marine Pennetier PARIS (Reuters) - Opposition de gauche, syndicats et associations appellent à descendre dans la rue samedi pour protester contre...

par Marine Pennetier

PARIS (Reuters) - Opposition de gauche, syndicats et associations appellent à descendre dans la rue samedi pour protester contre le tour de vis sécuritaire imprimé par Nicolas Sarkozy, critiqué en France comme à l'étranger.

Le Parti socialiste, les Verts, l'extrême gauche, l'ensemble des syndicats et plus de 130 organisations défileront côte à côte pour défendre la devise républicaine "Liberté, Egalité, Fraternité" à l'occasion de son 140e anniversaire.

Un mois après le discours sur la sécurité prononcé par le chef de l'Etat à Grenoble fin juillet, ses détracteurs ne désarment pas et entendent mener "la manifestation la plus large et la plus digne" contre une "politique ouvertement raciste", selon la Ligue des droits de l'homme.

"Nicolas Sarkozy a franchi une ligne rouge, il fait désormais le lien entre insécurité et immigration, ce qui jusque-là était le discours de l'extrême droite", a déclaré à Reuters Jean-Pierre Dubois, le président de la LDH.

"C'est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu'un chef de l'Etat propose de retirer la nationalité de façon aussi large", affirme-t-il.

Le président de la République a annoncé fin juillet que toute personne d'origine étrangère qui porterait atteinte à la vie d'un policier, d'un gendarme ou de tout autre représentant de l'autorité publique serait déchue de sa nationalité.

Des mesures en ce sens, concernant les Français naturalisés depuis moins de dix ans, seront intégrées dans le projet de loi sur la sécurité intérieure examinée par le Sénat dès mardi.

Le gouvernement a également accéléré la politique de démantèlement des campements illégaux de Roms et insisté sur les reconduites à la frontière des membres de cette minorité.

A Paris, "les Roms et les personnes discriminées" défileront symboliquement en tête du cortège qui partira de République pour rejoindre l'Hôtel de ville. Plusieurs artistes, dont Régine ou Jane Birkin, se rassembleront près du ministère de l'Immigration pour interpréter symboliquement la chanson "Les p'tits papiers".

Le Parti socialiste, qui s'était contenté d'un simple communiqué après le discours de Grenoble pour dénoncer "la dérive antirépublicaine du gouvernement", a annoncé lundi qu'il rejoindrait les rangs du cortège.

Le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, est sortie de son silence fin août aux universités d'été du PS à La Rochelle, parlant d'"été de la honte".

Dénonçant une "politique xénophobe et raciste qui couvre de honte notre pays", le Parti de Gauche estime pour sa part que "l'actuelle surenchère sécuritaire et anti-immigrés met en cause la République elle-même".

MANIFESTATIONS EN EUROPE

Le discours de Nicolas Sarkozy et les reconduites à la frontières de Roms ont également eu un écho à l'étranger.

Des manifestations seront ainsi organisées samedi devant les ambassades de plusieurs capitales européennes comme Rome, Madrid, Londres, Lisbonne, Budapest, Bucarest ou Nicosie pour "protester contre les politiques xénophobes de la France" à l'appel du réseau européen contre le racisme (Enar).

Paris a été épinglé par le Comité de l'Onu pour l'élimination de la discrimination raciale (Cerd) qui a jugé sa politique à l'égard des étrangers discriminatoire.

La France a aussi été rappelée à l'ordre par le Conseil de l'Europe fin août pour sa "stigmatisation" des Roms et la Commission européenne suit le dossier de près.

Nombre d'hommes d'Eglise se sont émus du traitement réservé aux Roms et le pape Benoît XVI y a fait allusion le 22 août dernier en rappelant, en français, la nécessité de "savoir accueillir les légitimes diversités humaines".

Des voix dissonantes se sont élevées dans la majorité, puis au sein-même du gouvernement.

La secrétaire d'Etat à la Ville, Fadela Amara s'est insurgée contre le lien fait par le gouvernement entre immigration et sécurité. Son homologue des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a dit avoir envisagé de démissionner. Quant au ministre de la Défense, Hervé Morin, il a critiqué la stigmatisation d'une communauté.

Edité par Yves Clarisse