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53 jours de grève de la faim pour son bar à narguilé

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Bientôt deux mois de jeûne : Abdel El-Ahmer a perdu 18 kilos. Il demande une indemnisation pour son bar à narguilé, à la suite de l’interdiction de fumer dans les lieux publics.

53e jour de grève de la faim aujourd'hui pour le patron d'un bar à narguilé à Paris. Abdel El-Ahmer a perdu 18 kilos depuis le 16 février dernier. Ce père de 3 enfants n'est pas contre le décret anti-tabac, mais il attend les aides à la reconversion promises par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Avec l'interdiction de fumer dans les bars et restaurants, il a perdu 70% de son chiffre d'affaires. Il est passé d'une petite trentaine de narguilés par jour à 5 aujourd'hui et les pâtisseries dans le frigo s'accumulent. Face à l'absence de réponse, il a cessé de s'alimenter. Et Abdel el-Ahmer prévient : s'il ne reçoit pas de réponse avant la fin de la semaine, il envisage de faire une grève de la soif.

Abdel El-Ahmer explique qu'il s'agit d'un « combat personnel. J'essaye de m'en sortir, qu'ils m'indemnisent, c'est la dernière solution qu'il me reste. Je pense à ma petite famille, comment vont-ils faire pour vivre ? On a demandé le RMI, la CMU, c'est vraiment une détresse. Beaucoup de questions se posent, on n'a pour l'instant reçu aucune réponse concrète ». Il ne comprend pas que « les bars à cigares aient encore le droit à la fumée et pas nous », alors que, pensant pouvoir contourner la loi, il est devenu « club privé » le 31 décembre dernier, commme une quinzaine de bars à chicha parisiens. Une situation que les policiers ont eu du mal à cerner : un jour ils lui disaient qu'en tant que club privé il n'était pas verbalisable, le lendemain ils lui disaient le contraire. En effet, les clubs privés et les associations sont aussi soumis à la loi sur l'interdiction de fumer.

Sa femme, Christine, qui travaille également dans l'entreprise familiale, demande que « l'Etat prenne contact avec lui pour lui dire de cesser sa grève de la faim, pour nous dire qu'on nous laisse travailler jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée : soit nous reconnaître en tant qu'établissement tel que, soit nous indemniser. Quelque chose d'humain et de logique ».

Il y a en France environ 800 bars à narguilé, dont à peu près 250 à Paris et 100 en banlieue, pour un total de 4000 personnes. Un tiers des bars à chicha ont fermé leurs portes depuis le début du mois de janvier (mais très peu pour dépôt de bilan, la majorité attendant de voir ce qu'il va se passer).

La rédaction et Aude Boilley