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Société

Manifestation à Paris contre la loi pénalisant les clients de prostituées

Une manifestation à Paris le 8 avril 2017 contre la loi pénalisant les clients des prostituées

Une manifestation à Paris le 8 avril 2017 contre la loi pénalisant les clients des prostituées - Zakaria Abdelkafi-AFP

Quelque cent cinquante personnes ont manifesté ce samedi à Paris à l'occasion du premier anniversaire de la loi pénalisant les clients de prostituées pour dénoncer la dégradation de leur condition de vie et de travail et réclamer l'abrogation du texte.

"Arrêtez les PV, nos agresseurs, le sida, la répression, l'hypocrisie, pas nos clients", proclamaient des panneaux brandis par des jeunes femmes et quelques hommes dont beaucoup portaient des masques blancs où était inscrit: "Non à la pénalisation".

"Plus de faits de violence"

Après s'être regroupées place Pigalle, quartier historique de la prostitution parisienne, les manifestantes ont entamé une marche en direction du quartier de la République en scandant des slogans comme "sexwork is work" ou "clients pénalisés, putes assassinées".

Ces prostituées répondaient à l'appel de plusieurs organisations dont le syndicat du travail sexuel (Strass), Médecins du Monde, le Planning familial, Act-up Paris et Aides ou encore "les Roses d'acier", un collectif de travailleuses chinoises du sexe de Belleville.

"La loi a entraîné une baisse des clients qui sollicitaient les travailleuses du sexe, notamment dans la rue. Et qui dit moins de clients dit moins de revenus, des difficultés à choisir ses clients, ce qui veut dire plus de rapports sans protection et plus de faits de violence", a résumé Tin Leicester coordinateur à Médecins du Monde. "Malheureusement, c'est un constat d'échec".

"Cette loi s'est révélée catastrophique"

Même constat pour Thierry Schaffauser, porte-parole du Strass: "Comme on l'avait prévu, cette loi s'est révélée catastrophique du point de vue de la santé, de la sécurité et de la précarité des prostituées." Elle a entraîné une pression à la baisse sur les prix.

"J'ai une collègue qui s'est suicidée parce qu'elle n'arrivait plus à payer ses PV. Car si on ne taxe plus le racolage, il y a toujours plein de lois qui pénalisent le travail sexuel. Résultat, sous la pression, certaines filles acceptent le sexe non-protégé ou partent exercer à l'étranger pour des proxénètes alors qu'elles étaient indépendantes. On ne peut pas vouloir faire notre bien contre nous", selon lui.

Le 6 avril 2016, la France a rejoint le camp des pays européens sanctionnant les clients de prostituées. Les contrevenants à l'interdiction de "l'achat d'actes sexuels" sont désormais passibles d'une amende de 1.500 euros pouvant grimper à 3.750 euros en cas de récidive. En un an, 804 clients ont été verbalisés par la police et la gendarmerie. 

C.H.A. avec AFP