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Société

Lorraine : 60 propriétaires obligés de payer pour leur maison jamais construite

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60 propriétaires d'une commune de Lorraine, ont acheté en 2007 des maisons jamais construites depuis, et continuent de rembourser leur achat. Pire, ils vont devoir prendre en charge les frais de démolition du chantier à l'abandon.

C’est le rêve de toute une vie qui vire au cauchemar. En Lorraine, une soixantaine de propriétaires de maisons jamais construites continuent de rembourser leur achat, pour des ruines qu’ils n’ont jamais pu habiter. Pire, ils doivent maintenant payer pour les démolir.
C’est pourtant un rêve qui s’ouvre à eux quand, en 2006, ils investissent dans un programme immobilier sur la petite commune de Cutry. L'idée : profiter de la demande en logements à deux pas de la frontière luxembourgeoise pour louer son bien et s'assurer un solide complément de revenu. Prix des maisons : entre 150 et 200 000 euros. Mais tout s'effondre en 2010 quand le promoteur immobilier fait faillite, stoppant nette la construction. Les propriétaires, eux, sont endettés jusqu'au cou et doivent rembourser leur prêt même s'ils ne verront jamais la couleur de leur bien.

« Je paie tous les mois 900 euros de prêt pour rien »

« J'ai signé l'achat dans le premier semestre 2007, explique l’une de ces propriétaires/victimes sur RMC. Et à la suite de ça, j'ai reçu régulièrement des courriers m'informant de retards dans la construction. Jusqu'au moment où je me suis vraiment inquiétée parce qu'il y avait énormément de retards et que mon prêt allait commencer. Quelques mois plus tard, le promoteur a déposé le bilan. Donc aujourd'hui je paie tous les mois 900 euros d’échéances de prêt, et en face, je n'ai rien du tout, si ce n'est une ruine ». Une ruine qui va bientôt être détruite, puisque le maire de la commune, Jean Huard, déclare que le chantier, laissé à l'abandon depuis plusieurs années, est dangereux. Cerise sur le gâteau : c'est aux « propriétaires » de financer cette démolition, de l'ordre de 150 000 euros.

Frais de destruction à leur charge

La goutte d’eau qui fait déborder le vase, pour Lionel Dulau, qui a lui aussi acheté une de ces maisons jamais construites : « On voulait faire un investissement pour nos enfants et aujourd’hui on n’a rien. C’est dur de partir tous les jours au boulot en se disant que la moitié du salaire est parti en fumée. Les enfants grandissent, les études commencent à coûter cher, et mon programme immobilier est aujourd'hui réduit à néant », se désole-t-il sur RMC. « On espère que la justice pourra déterminer les responsabilités entre les notaires, les agents immobiliers et les promoteurs », conclu Lionel Dulau. Avec les autres victimes, ils se sont regroupés en association pour réclamer réparation. Et pour pouvoir rêver à nouveau.

Philippe Gril avec Camille Maestracci