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Logement

Saint-Ouen: un bailleur menace d'expulser les locataires qui aident les SDF

Le directeur de l'office HLM s'est excusé après l'affichage des tracts.

Le directeur de l'office HLM s'est excusé après l'affichage des tracts. - Alain Jocard - AFP

Un office HLM de Seine-Saint-Denis a remis à ses locataires une note qui leurs demandait de ne pas nourrir les personnes sans domicile fixe. Le procédé a soulevé une vague d'indignation.

Aider les personnes sans-abri au risque de perdre son logement. C'est en substance la menace brandit par l'office HLM Saint-Ouen Habitat Public à l'encontre de ses locataires, en Seine-Saint-Denis.

Dans une note affichée à l'entrée des immeubles situés en bord de Seine à Saint-Ouen, gérés par l'office, ce dernier rappelle aux habitants du 41 rue Dhalenne qu'il s'expose "à une procédure d'expulsion, pour non respect du règlement intérieur et en application du bail".

Ainsi, il est interdit aux locataires d'ouvrir "les portes d'entrée sécurisées par digicode des halls d'immeuble pour permettre l'accès aux locaux communs à des sans-abri" et de fournir "à des sans-abri tout élément de 'logistique'", rappelle la note, largement relayée sur les réseaux sociaux.

Un rassemblement prévu samedi

Rapidement, la diffusion de cette note a soulevé une vive indignation. Un locataire a même tagué l'affiche d'un "Bande de monstres" et "C inhumain" en lettres capitales. Pour l'association Droit au Logement (DAL) il s'agit de "honteuses consignes", rappelant que "secourir les personnes vulnérables est un principe inviolable".

Sur France Info, Jean Baptiste Eyraud, le président du DAL, s'est dit choqué par le texte et le ton employé. "On ferait le même texte pour les pigeons. Un bailleur social se permet de traiter en quelque sorte des êtres humains comme des animaux et en plus, il menace les locataires de représailles si jamais ils font acte de solidarité", s'est insurgé le responsable associatif. 

Pour dénoncer cette pratique et pour demander des explications au maire de la ville, le DAL a appelé à un rassemblement samedi devant la mairie de Saint-Ouen à partir de 11 heures. 

"Communication extrêmement maladroite"

Rattrapé par la polémique, le directeur général de Saint-Ouen Habitat public a présenté ses excuses, avançant une "communication pour le moins extrêmement maladroite".

"Je tiens à présenter mes plus sincères excuses à l'ensemble des locataires du 41 rue Dhalenne qui ont pu être heurtés à juste titre par la communication pour le moins extrêmement maladroite qui a été affichée cette semaine", s'est expliqué Arnaud Bonnier dans un communiqué qui a remplacé les affichettes.

Il poursuit: "Cette communication a échappé à mon contrôle et ne reflète absolument pas la position des instances dirigeantes de Saint-Ouen Habitat Public."

Le directeur général a également expliqué avoir été interpellé par "des locataires et des personnels de proximité sur les intrusions répétées dans l'immeuble de la part de personnes extérieures" empêchant parfois "l'accès des locataires aux parties communes et à leur appartement".

Au cours des derniers mois, l'immeuble du 41 rue Dhalenne a été le théâtre d'un incendie criminel et de violences ayant entraîné un dépôt de plainte au commissariat de Saint-Ouen. 

Justine Chevalier