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Logement

Migrants: un campement insalubre évacué à Saint-Denis

Environ 300 migrants qui occupaient un campement à Saint-Denis ont été pris en charge ce vendredi. Ils vont être dirigés vers des centres d'hébergement.

Plusieurs centaines de migrants qui vivaient depuis des semaines dans un camp insalubre à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ont été évacués vendredi matin pour être mis à l'abri, la deuxième opération de ce type en trois jours au nord de Paris.

Vers 7 heures, par un froid mordant d'à peine 2 degrés, 300 migrants environ attendaient dans le calme, valise ou sac à dos à la main, de monter dans des bus qui devaient les emmener vers des centres d'hébergement, notamment des gymnases, en Ile-de-France, a constaté une journaliste de l'AFP. Le premier bus est parti à 07h40.

Le campement comptait essentiellement des migrants venus de la corne de l'Afrique (Soudanais, Érythréens, Somaliens), selon le dernier décompte, avec des tentes qui s'étiraient le long de l'avenue du Président Wilson, à la sortie de Paris.

Mohamad, un Soudanais de 25 ans, qui en paraît dix de plus, attendait le car, sans bagages ni sac de couchage sous le bras. Où va-t-il? "Je ne sais pas. Mais cela fait un an que je suis dehors", glisse-t-il d'une voix éteinte. Novar, un Somalien, hésitait à abandonner sa tente: il a quitté le centre d'hébergement où il dit avoir eu des problèmes à Moulins (Allier) et sait qu'il risque donc de se faire refuser toute autre proposition d'accueil dans un autre centre. "Il fait froid ici, ça fait deux semaines que je dors dehors, ça ne peut pas durer. Mais qu'est-ce que je peux faire?", demande le demandeur d'asile.

Plus de 2.000 migrants dans le nord de Paris

Les migrants évacués pourront être mis "à l'abri" et voir leur situation examinée dans ces centres où ils pourront rester quelques semaines, a-t-on indiqué à la préfecture de région, qui avait prévu sept bus pour l'opération. L'Etat s'apprête à intensifier les opérations de ce type dans les semaines à venir pour résorber les campements où plus de 2.000 personnes vivent dans le nord de la capitale.

Environ 2.230 personnes migrantes, Afghans, Soudanais et Érythréens, avaient été recensées dans le nord de Paris il y a une semaine par l'association France terre d'asile qui est chargée des maraudes. Sur ce total, un millier dormaient porte de la Chapelle et près de 500 à Saint-Denis. La mise à l'abri de vendredi est la seconde de la semaine après celle, mardi à la porte de Clignancourt à Paris, de près de 180 migrants, essentiellement des Afghans qui vivaient eux aussi dans un campement insalubre.

Le préfet de région Michel Cadot avait annoncé mardi que 1.200 places seraient mobilisées d'ici la fin de la semaine prochaine pour accueillir des migrants vivant dans différents campements dans le nord de la capitale.

Inquiétude des associations

L'opération de la matinée a été menée dans le calme, avec l'aide d'associations comme France terre d'asile et sous la surveillance de CRS. Même s'il se félicitait de cette mise à l'abri, Yann Manzi, de l'association Utopia 56, s'est dit "inquiet" pour les migrants déboutés de leur demande d'asile et ceux ayant leurs empreintes enregistrées dans un autre pays européen, où ils pourraient être renvoyés en vertu des règles européennes.

La mairie (communiste) de Saint Denis, tout en se disant soulagée, a regretté dans un communiqué "qu'il faille à nouveau attendre une situation critique" pour mettre à l'abri "ces êtres humains", et promis qu'elle serait "particulièrement attentive à ce que les mises à l'abri ne servent pas de prétexte pour procéder à des expulsions".

Carole Blanchard avec AFP