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Logement

Meublés touristiques sur Airbnb: le business juteux des propriétaires

La mairie de Paris a détaché 15 de ses agents pour traquer les propriétaires d'appartements qui louent illégalement leurs biens sur le site Airbnb, par exemple. Ceux qui n'ont pas d'autorisation risquent jusqu'à 25.000 euros d'amende.

Paris, capitale du... meublé touristique. Avec le développement des sites comme Airbnb, de nombreux propriétaires se mettent dans l'illégalité pour augmenter leurs revenus. Car louer un appartement de manière permanente en meublé touristique, sans autorisation, est une pratique interdite. Seules les résidences principales peuvent être louées au maximum 4 mois par an.

Pour traquer ces pratiques frauduleuses, la maire de Paris a confié à 15 de ses agents la traque des meublés saisonniers illégaux. Une mission compliquée quand on sait que sur les 30.000 appartements proposés dans la capitale, seules quelques centaines sont louées de manière légale. Pour certains propriétaires, qui possèdent plusieurs biens, le gain avoisine les 45.000 euros par an. Un utilisateur français sur 4 empocherait cette somme, d'après le site Airbnb.

Professionnalisation du marché

C'est le cas de Jean-Claude qui a accepté de témoigner, sous couvert d'anonymat, sur BFMTV. L'an dernier, il décide d'acheter un appartement pour accueillir des proches. Mais rapidement, l'usage du bien change. "Il est loué une vingtaine de jours par mois (à des touristes, Ndlr)", déclare-t-il. Entre 90 et 120 euros la nuit, cela lui permet de gagner 2.000 euros par mois, soit plus de 20.000 euros à l'année.

"Pour Paris, nous avons plus de 18% des appartements qui sont détenus par des personnes qui ont plus d’un bien, soit des multi-propriétaires, soit des agences", analyse Gaël Chareyron, enseignant-chercheur au pôle universitaire Léonard de Vinci. "Avec l’arrivée d'Airbnb il y a une professionnalisation avec des professionnels de la location multi-propriétaires et des investisseurs qui se mettent sur ce créneau", confirme Saskia Cousin, anthropologue à l’université Paris-Descartes.

"Leur objectif n’est plus de partager une découverte (...) mais d’investir dans du foncier qui est plus rentable", poursuit la spécialiste.

"Des infractions assez graves"

Au risque de peser sur l'économie parisienne. Ian Brossat, adjoint à la mairie de Paris en charge du Logement, veut donc lutter contre ces pratiques qui empêchent les Parisiens de se loger, notamment en raison de l'augmentation des loyers et de l'explosion des prix à la vente, notamment des petites surfaces idéales pour accueillir des touristes. "Au final, c’est le visage de ces quartiers qui finit par changer", déplore l'élu qui décrit la fermeture de nombreux commerces de proximité. C'est le cas dans le Marais où un meublé sur cinq est loué illégalement.

La loi prévoit pourtant une amende pouvant aller jusqu'à 25.000 euros pour les propriétaires en infraction. "Ce ne sont pas des amendes légères", confirme l'avocate d'un propriétaire condamné à 10.000 euros d'amende. "Les tribunaux considèrent que ce sont des infractions assez graves." Une justice qui n'aurait pas encore assez sévi pour freiner ces multi-propriétaires. L'an dernier, seuls 18 cas ont été jugés.

J.C avec J-R Baudot, C.Fournier, T. Dupont et A. Gomez