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Logement

Le procès d'un incendie à Paris relance le débat sur le logement

Le procès d'un incendie qui avait fait 17 morts dont 14 enfants en août 2005 dans un immeuble insalubre parisien, ouvert jeudi au tribunal de Paris, remet en lumière le problème du logement en France. /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé

Le procès d'un incendie qui avait fait 17 morts dont 14 enfants en août 2005 dans un immeuble insalubre parisien, ouvert jeudi au tribunal de Paris, remet en lumière le problème du logement en France. /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé - -

PARIS (Reuters) - Le procès d'un incendie qui avait fait 17 morts dont 14 enfants en août 2005 dans un immeuble insalubre parisien, ouvert jeudi au...

PARIS (Reuters) - Le procès d'un incendie qui avait fait 17 morts dont 14 enfants en août 2005 dans un immeuble insalubre parisien, ouvert jeudi au tribunal de Paris, remet en lumière le problème du logement en France.

Les plaignants de ce dossier, où sont jugées une association et une société de construction, estiment que les autorités, qui avaient promis avant la catastrophe aux futures victimes de régler la situation, ont été injustement épargnées.

Alors que les loyers et les prix de la pierre ne cessent de flamber à Paris, la fondation Abbé Pierre estime dans son rapport 2011 qu'à côté des 133.000 sans-abri, la France compte environ 3,5 millions de personnes "très mal logées".

L'incendie, qui avait frappé un immeuble du XIIIe arrondissement boulevard Vincent Auriol, occupé presque exclusivement par des familles immigrées d'origine africaine en situation régulière, est d'origine criminelle, a établi l'instruction. Le ou les auteurs n'ont jamais été identifiés.

Les familles de victimes s'étant scandalisées du traitement initial du procès en mars dernier, avec seulement deux demi-journées d'audience dans une salle trop petite, le tribunal a été contraint de reprendre sa tenue avec cette fois six demi-journées d'audience jusqu'au 30 septembre.

Me Jean-Marc Florand, un des avocats des familles de victimes, a déclaré à la presse qu'il n'excluait pas de demander au tribunal un supplément d'enquête, s'il apparaissait un élément à l'audience qui le justifierait.

"J'ai toujours eu l'impression que ce dossier n'intéressait personne. Jamais l'état de l'immeuble ne permettait à des êtres humains d'habiter dedans. Or, on ne s'est jamais tellement préoccupé des responsabilités en la matière", a-t-il dit.

Il a rappelé que l'immeuble n'était pas un "squatt" mais un immeuble occupé par des travailleurs en situation régulière, payant leurs loyers et auxquels le préfet de région avait promis un relogement par un courrier officiel avant l'incendie.

L'immeuble avait des problèmes de fuites d'eau, de réseau électrique défaillant, était envahi par les rats et présentait des risque de saturnisme du fait de peintures au plomb, mais personne ne s'en est inquiété, a dit Me Florand.

"Il est clair que si on avait élevé des jeunes chiots dans cet immeuble, la SPA se serait constituée partie civile et elle aurait obtenu condamnation car l'immeuble était impropre à l'élevage des chiots", a-t-il ajouté.

Les deux prévenus du procès, l'association Freha qui gérait l'immeuble et la société Paris Banlieue Construction, mise en cause pour des aménagements ayant selon l'accusation favorisé la propagation des flammes, entendent selon leurs avocats plaider le fait qu'elles servent de boucs émissaires.

Cet incendie du boulevard Auriol avait précédé deux autres accidents similaires en 2005 dans des immeubles parisiens occupés aussi par des familles défavorisées qui firent respectivement 25 et sept morts, dont une quinzaine d'enfants.

Thierry Lévêque, édité par Patrick Vignal