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HLM murées contre le trafic: le président de l'Opac "ne veut pas de morts sur la conscience"

La décision de murer des cages d'escalier d'un quartier de Compiègne pour se prémunir des exactions de dealers fait polémique. Arnaud Dumontier, président de l'Opac de l'Oise, et Philippe Marini, maire de cette ville des Hauts-de-France, ont échangé leurs points de vue mardi sur BFMTV.

Murer les cages d'escalier pour faire fuir les dealers et surtout protéger les locataires, la mesure choc prise à Compiègne par l'Office public d'aménagement et de construction de l'Oise peut surprendre. Arnaud Dumontier, président de l'Opac du département, est venu expliquer sa décision mardi sur BFMTV. Philippe Marini, maire de la ville, qui lui faisait face, a exprimé son total désaccord.

Des vannes de gaz manipulées

Trois cages d'escalier des immeubles HLM de la cité du Clos-des-Roses à Compiègne, sur les 38 que comptent le parc de l'Opac, vont être fermées. Ces bâtiments sont squattés par des dealers qui organisent leur trafic de drogue à l'intérieur. Selon Arnaud Dumontier, la situation était devenue "insupportable". "Nous avons constaté après une visite sur le terrain avec la police nationale et le service de l'Opac de l'Oise que des vannes de gaz avaient été manipulées, que des réseaux d'électricité avaient été détournés", a-t-il détaillé.

Le président de l'Opac craint "l'imminence d'une explosion ou d'un incendie". "Cela peut avoir des conséquences sur la vie d'hommes, de femmes et d'enfants. J'ai la responsabilité de la vie de mes locataires. Je ne veux pas avoir de morts sur la conscience", lâche-t-il. 

"Une analyse juste, une solution fausse"

Des courriers indiquant la décision de l'organisme social ont été envoyés ce mardi matin aux personnes concernées. Les locataires sont invités à prendre contact avec l'Opac dans les meilleurs délais pour organiser les déménagements, dont les frais seront pris en charge. Philippe Marini, maire LR de Compiègne, se dit quant à lui "scandalisé" par la méthode.

"A partir d'une analyse juste, on nous assène une solution fausse", déplore-t-il. "A partir du moment où les trafiquants auront libre action dans la totalité des cages d'escalier, parce que les fermetures des murs ne tiennent pas très longtemps, ils développeront davantage leur activité", prédit-il. "Baisser les bras ainsi, démissionner, c'est strictement inacceptable", s'insurge-t-il.

Selon l'élu Les Républicains, dès lors qu'il y a un risque, "le devoir du préfet est d'envoyer CRS et gendarmes mobiles pour s'assurer que le danger ne puisse pas se concrétiser". Le maire qualifie la décision de l'Opac d'opération de communication qui stigmatise "encore plus un quartier où les choses sont difficiles". Malgré la différence de vue entre les deux hommes, Philippe Marini reconnait néanmoins que "s'il y a un sujet sur lequel nous avons été en profond accord (avec l'Opac, Ndlr) au cours de ces derniers mois, c'est de dénoncer l'inaction de l'Etat".

Elise Maillard