Hausse inquiétante du nombre de "bébés sans-abri" en Seine-Saint-Denis

L’association Interlogement 93 s'inquiète de la hausse du nombre de femmes qui se retrouvent à la rue quelques jours seulement après leur accouchement.

Surchargés, les services d'accueil d'urgence de Seine-Saint-Denis tirent la sonnette d'alarme sur le phénomène des "bébés sans-abri" après que deux femmes et leurs nourrissons se sont retrouvés à la rue à la sortie de la maternité.

L’association Interlogement 93, responsable des appels au 115 et de la gestion de l’hébergement d’urgence dans le département, rapporte ainsi dans un communiqué que "deux femmes ont été contraintes le 29 août dernier de quitter les maternités où elles avaient accouché pour se retrouver à la rue avec leurs nouveau-nés, faute de solution d’hébergement, et ce malgré les nombreuses recherches effectuées en amont par le numéro d’urgence 115".

Des séjours prolongés à la maternité

L'association alerte sur la saturation des places d'hébergement d'urgence, et notamment du dispositif d’accompagnement des mères sans-abri, évoquant "54 familles qui se sont trouvées sans solution d’hébergement à la sortie de la maternité" au cours de l'été. Si certains centres hospitaliers acceptent de garder les jeunes mamans sans-abri près de trois semaines après leur accouchement, cette solution "bricolée et particulièrement coûteuse" est "inadaptée", estime Interlogement 93.

Le Monde cite à cet égard l'exemple de la maternité de l’hôpital Delafontaine, au centre hospitalier de Saint-Denis, qui a consacré en 2017 94 nuitées sur une période de six semaines à l’accueil de ces mères et de leurs nouveau-nés. Conséquence: l'hôpital a été contraint de détourner certains accouchements vers d'autres établissements faute de place.

Un phénomène en expansion

Le phénomène des bébés sans-abri ne semble pas faiblir, bien au contraire. Alors qu'en 2014, 197 femmes sans-abri, enceintes de plus de trois mois ou en sortie de maternité avaient été signalées aux associations, ce chiffre a grimpé à 653 en 2017, rapporte le quotidien qui précise toutefois que cette hausse s'explique en partie par "de meilleures méthodes de remontée d'alerte".

Mélanie Rostagnat