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Logement

Expulsion de "squatteurs" place des Vosges à Paris

UN SQUATT ÉVACUÉ PLACE DES VOSGES À PARIS

UN SQUATT ÉVACUÉ PLACE DES VOSGES À PARIS - -

PARIS (Reuters) - La police est intervenue samedi matin pour expulser une trentaine de personnes qui occupaient depuis un an un hôtel particulier...

PARIS (Reuters) - La police est intervenue samedi matin pour expulser une trentaine de personnes qui occupaient depuis un an un hôtel particulier vide selon eux depuis plus de 40 ans, situé sur la prestigieuse place des Vosges, à Paris.

Les forces de l'ordre ont exécuté une décision de justice rendue la veille par un tribunal parisien.

Selon la préfecture de police de Paris, l'opération s'est déroulée dans le calme et s'est terminée vers 08h30. "Il n'y a eu aucune interpellation", a dit une porte-parole.

Le collectif Jeudi noir a déploré pour sa part une action "brutale".

"Toutes les affaires ont été mises dans des camions que l'on a amenés et les jeunes habitants, étudiants ou travailleurs précaires, n'ont aucune solution pour ce soir", a dit à Reuters un membre de Jeudi noir, Manuel Domergue.

Un rassemblement de soutien s'est constitué aux abords du lieu, devenu ces derniers mois un symbole de la crise du logement à Paris.

"On aurait pu imaginer une certaine clémence de la part préfecture sachant que la trêve hivernale commence dans dix jours", a regretté Manuel Domergue. "Le signal qui est donné, c'est donner le droit de ne rien faire de sa propriété et de mettre des jeunes à la rue".

"C'est un symbole d'une brutalité absolue envoyé en pleine période de conflits sociaux très graves, un bras d'honneur envoyé aux jeunes pour qui le logement est une priorité et une angoisse fondamentale", a-t-il ajouté.

Invoquant le respect du droit à la propriété, la tutrice de la propriétaire âgée de 87 ans avait demandé au tribunal d'instance du Ve arrondissement l'expulsion des militants et plus de 140.000 euros d'indemnités (69.663 euros par mois).

Les juges ont finalement ordonné aux "squatteurs" de payer 3.500 euros par mois d'indemnités, soit environ 10.000 euros au total pour la période durant laquelle ils ont occupé l'immeuble du XVIIe siècle.

Me Pascal Winter, avocat du collectif Jeudi noir, a dit à Reuters que ses clients feraient appel. Il a invoqué la loi sur le "droit au logement opposable" votée en mars 2007, qui donne aux sans-logis le droit de contester en justice l'impossibilité d'accéder à un foyer.

Parti socialiste, associations de défense des mal-logés, municipalité de Paris et Conseil régional d'Ile-de-France ont exprimé leur soutien à Jeudi noir.

"Quelles sont les lois de ce pays qui condamnent plus fermement des personnes sans logis que des propriétaires de nombreux biens qui laissent des hôtels privés inoccupés pendant 40 ans ?", s'insurgent les Jeunes socialistes dans un communiqué.

(Elizabeth Pineau, édité par Pierre Sérisier)