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Logement

Des mal-logés fêtent Noël près du ministère du Logement

Des familles en attente d'un logement ont fêté Noël devant le ministère du Logement

Des familles en attente d'un logement ont fêté Noël devant le ministère du Logement - -

Plusieurs dizaines de familles de mal-logés ont fêté mardi Noël aux abords du ministère du Logement, à l'appel de l'association Droit au Logement (DAL), afin de réclamer l'application de la loi Dalo.

Elles sont censées être prioritaires du Droit au Logement opposable (Dalo), pourtant, elles ont passé Noël devant le ministère du Logement afin de faire entendre leur voix. Ces familles attendent un logement depuis plusieurs années et survivent actuellement dans des hotels, à la rue, dans des taudis, dans des squats ou chez des amis. La loi Dalo permet aux familles démunies de faire un recours auprès d'une commission de médiation, qui détermine si elles peuvent être reconnues "prioritaires Dalo", c'est-à-dire si l'Etat a obligation de les reloger.« Je suis marocaine, explique Nabila au micro de RMC. mon fils est français, mais il n’a jamais eu de bureau et de chambre, il travaille sur son lit. Je suis Dalo favorable et pourtant, on ne me fait que des promesses en l’air. On me dit : "dans six mois" … mais rien. Ça fait des années que j’attends ».
François Hollande s'était engagé en avril 2012 à faire respecter cette loi, inégalement appliquée.« Si les Français m'accordent leur confiance, la loi instituant le droit au logement opposable devra être respectée, en premier lieu par l'Etat », avait écrit l'actuel chef de l'Etat dans un courrier au DAL daté du 27 avril dernier. Devant le ministère mardi 25 décembre, on pouvait lire sur les banderolles tendues par ces familles « Ni miette, ni bla-bla : respectez nos droits ». Une délégation a été reçue en fin d'après-midi au ministère, où elle a offert à la ministre du Logement, Cécile Duflot, « un pied-de-biche doré » pour « accélérer les réquisitions de logements vides ».

27 534 ménages « prioritaires » en Ile-de-France

L'Ile-de-France comptait, en juin 2012, 27 534 ménages « prioritaires » attendant depuis au moins six mois un relogement. Selon l'Insee, la France compte 2,4 millions de logements vacants, dont 330.000 en IDF. 124 bâtiments vacants susceptibles d'être réquisitionnés ont été identifiés en Ile-de-France, dont 44 dans Paris. Mais les "premiers résultats" ne sont attendus qu'en février. 3,6 millions de personnes sont concernées par le mal-logement en France. 685 000 personnes n’ont pas de domicile personnel, 85 000 vivent dans une habitation de fortune, cabane, camping ou mobil home toute l’année. Près de 300 000 personnes vivraient dans la rue (chiffre qui varie beaucoup d'une asso à l'autre). Le DAL réclame la réquisition de 100 000 logements vacants, appartenant aux pouvoirs publics, aux bailleurs sociaux, ou à de riches propriétaires privés, afin de loger les prioritaires Dalo en attente et les 150.000 sans-abri que compte selon lui le pays. La ministre du Logement, Cécile Duflot, s'est dite prête à réquisitionner les bâtiments appartenant à des banques, des compagnies d'assurances ou encore des entreprises, si les 19.000 places mobilisées cet hiver pour les sans-abri se révèlent insuffisantes.

« Les politiques se foutent des mal-logés »

Pour les associations comme le DAL, la politique gouvernementale en matière de logement n’est absolument pas suffisante. « Nos politiques se foutent totalement de la partie de la population qui est mal-logée, dénonce Cécile membre de l’association Droit au Logement. Il y a une loi de réquisition qui existe, il serait temps qu’elle soit appliquée. De toute façon, l’Etat est richissime en termes de possession de murs. Il y a plein d’endroits qui sont complètement condamnés qui pourraient être donnés. Cécile Duflot avait demandé à l’Eglise de mettre à disposition des immeubles. Qu’elle aille jusqu’au bout, qu’elle les saisisse de force. On a 300 000 personnes dans la rue et ça ne les gêne pas ».

« On fait ce que nous pouvons »

En revanche pour certains députés PS, ce n’est pas le gouvernement de Jean-Marc Ayrault qui traine des pieds, mais c’est à cause de l’héritage de la précédente majorité que le logement est encore un problème aujourd’hui. « Après dix ans d’une politique lamentable dans ce domaine, nous faisons ce que nous pouvons, assure ainsi Razzy Hamadi, député PS de Seine-Saint-Denis. Ça veut dire l’augmentation d’un budget de plus de 13% sur le logement d’urgence et l’accompagnement des familles. Sans oublier une lettre du Premier ministre visant à évoquer et délimiter le contenu de projet de territoire dans le domaine du logement d’urgence ».

La Rédaction avec Reuters