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Logement

Courbevoie: des habitants refusent toujours d'être expulsés pour la construction des tours Hermitage

Une dizaine d'habitants refuse de quitter leurs logements dans un immeuble voué à la démolition pour permettre la construction de tours jumelles de 320 mètres de haut.

Depuis 11 ans, ils sont une poignée d'habitants à se battre pour rester dans leur résidence des Damiers, située à Courbevoie. En 2017, le bailleur et propriétaire des lieux Logis Transports a signé une promesse de vente avec la société Hermitage, un promoteur russe, qui prévoit de construire sur le site des tours jumelles hautes de 320 mètres.

Depuis, la plupart des locataires sont partis mais sur les 250 logements 12 sont encore occupés. Certains restés sur place ont été expulsés ces dernières semaines.

"Je me suis débrouillé tout seul avant que la police me foute dehors. Le bailleur a envoyé par lettre recommandée des propositions qui ne correspondaient pas à ce que j'ai et ils ont considéré ça comme un refus", témoigne Emmanuel, un résident des Damiers. 

Des propositions de relogement inadéquates

Certains résistent et refusent toujours de partir dénonçant des propositions de relogement inadéquates. 

"J'ai demandé à ce qu'ils puissent nous donner quelque chose d'équivalent, que je puisse y aller avec ma femme qui est malade et avec les petits dans le coin. L'autre fois ils m'ont proposé juste à côté, j'étais d'accord et c'est eux qui ont changé d'avis", déplore Javaid, un autre habitant de la résidence. 

"De nombreuses solutions de relogement ont été soumises aux locataires", se défend de son côté la présidente de Logis Transports, Sylvie Vandenberghe, auprès de l'AFP. La vente des Damiers doit en outre permettre "le financement de 1.000 logements sociaux, dont 500 dans les Hauts-de-Seine", ajoute-t-elle.

Les expulsions contestées

Mais pour l'avocate des locataires, le bailleur social n'aurait pas agi dans les règles et ne serait pas en mesure d'expulser les habitants. Pourtant en mars dernier, la justice s'est prononcée en faveur de l'expulsion des locataires.

"C'est extrêmement grave. Ces jugements d'expulsion sont d'autant plus graves qu'ils sont assortis d'exécution provisoire", déplore Me Armelle de Coulhac-Mazérieux. 

Les Damiers doivent être vendus au promoteur russe pour la construction des tours, mais sous réserve que les bâtiments soient vides. Le président d'Hermitage, le russe Emin Iskenderov doit présenter le calendrier des travaux à la rentrée pour ce projet évalué à 2,8 millions d'euros.

Mais outre l'opposition des résidents des Damiers, le projet suscite aussi des interrogations du côté de l'établissement public Paris-La Défense qui s'est récemment inquiété de la solvabilité du promoteur pour réaliser ce projet pharaonique. La société Hermitage doit présenter à la rentrée les partenaires financiers du projet. 

C. B avec E. Lebon, J. Guerra , JB Graziani