Boulogne : les parents de dealers expulsés de leurs logements HLM

A Boulogne-Billancourt, quatre familles vont être expulsées de leurs logements HLM car un de leurs enfants a été condamné pour trafic de drogue. Certains s’opposent à ce qu’ils estiment être une double peine.

Il n'y aura plus de dealer de drogue dans cet immeuble HLM de Boulogne-Billancourt, mais il n'y aura plus leurs familles non plus. Quatre familles d’une cité de la ville des Hauts-de-Seine vont en effet être expulsées de leurs logements au printemps prochain, après la trêve hivernale. A la demande de leur bailleur, la justice a résilié le bail pour « trouble de la jouissance », ces troubles causés au voisinage par les allées et venues des clients, les attroupements dans les halls, incivilités, ou encore menaces sur les plus jeunes pour qu’ils travaillent à leurs côtés.

« Trouver des solutions pour les parents, dépassés »

Depuis, une pétition contre ce que certains considèrent comme une « double peine » a circulé, des habitants du quartier soutenant les parents et estimant qu’il n’est pas normal que les familles payent alors que les enfants ont déjà été condamnés par la justice. Les défenseurs du droit au logement s’inquiètent aussi, craignant de voir des familles entières jetées à la rue pour des délits commis par un seul membre d'entre elles. C’est le cas de Jean-Baptiste Eyraud, le porte-parole de l’association Droit au logement (DAL). « Quand des gens rendent la vie insupportable aux voisins, il faut prendre des dispositions, c’est incontestable. Pour le reste de la famille, il faut parfois prévoir des solutions de relogement. On a vu des familles expulsées parce que leurs grands enfants faisaient du deal ou des conneries, mais il a fallu trouver des solutions pour les parents, qui étaient en réalité dépassés ».

« Une double peine totalement injuste »

Sur RMC ce vendredi, un frère d’un des dealers arrêtés a décidé de parler sous couvert d’anonymat. Il ne comprend pas la décision d’expulser toute une famille pour les déboires judicaires d’un seul de ses membres. « Pour moi c’est une double peine que je trouve totalement injuste. Ca va mettre en péril tout le reste de la famille pour les incivilités d’un seul de mes frères. Sinon, on est une famille tout à fait exemplaire. Mes parents n’ont jamais eu de problèmes quelconques, mes sœurs font des études supérieures. Moi-même je suis diplômé, j’ai un master. Mes parents travaillent et payent leurs impôts. Aujourd’hui, j’ai un jeune frère qui a dérapé, qui a arrêté l’école très jeune et qui s’est retrouvé, de par ses fréquentations, lié à un trafic. Et aujourd’hui on veut expulser toute une famille qui était très bien intégrée à la société française ».

Mathias Chaillot