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Logement

Amnesty demande l'arrêt immédiat des expulsions de Roms

Camp de Roms en bordure de Garonne, à Toulouse. Amnesty International estime que, malgré un "changement de ton" de la part du nouveau gouvernement à l'égard des populations roms, les expulsions forcées se poursuivent en France, en violation du droit inter

Camp de Roms en bordure de Garonne, à Toulouse. Amnesty International estime que, malgré un "changement de ton" de la part du nouveau gouvernement à l'égard des populations roms, les expulsions forcées se poursuivent en France, en violation du droit inter - -

PARIS (Reuters) - Malgré un "changement de ton" de la part du nouveau gouvernement à l'égard des populations roms, les expulsions forcées se...

PARIS (Reuters) - Malgré un "changement de ton" de la part du nouveau gouvernement à l'égard des populations roms, les expulsions forcées se poursuivent en France, en violation du droit international, estime jeudi Amnesty International, qui demande leur arrêt immédiat.

Dans un rapport intitulé "Chassés de toutes parts", l'organisation, qui a réalisé plusieurs enquêtes de terrain en Ile-de-France, où vivent près de la moitié des 15.000 Roms de France, relève notamment un manque de consultation et d'information des populations concernées avant leur expulsion, un délai de préavis insuffisant et des difficultés d'accès aux recours.

Selon des estimations d'associations citées par Amnesty International, plus de 9.000 Roms ont été évacués au cours des trois premiers trimestres de 2012, un pic ayant été atteint durant l'été, avec 2.300 expulsions en juillet et août.

"Jusqu'ici, en dépit des propos encourageants du nouveau gouvernement et de la publication de la circulaire (du 26 août, qui donne des instructions au sujet des expulsions, ndlr), les expulsions forcées ont continué à se succéder sous le gouvernement actuel", écrit Amnesty International dans son rapport.

"Amnesty International salue les propos et l'approche du gouvernement actuel, mais reste préoccupée par le fait que les expulsions forcées se poursuivent à travers le pays, en violation des obligations incombant à la France en vertu du droit international", ajoute l'organisation, demandant l'arrêt immédiat des expulsions forcées et la modification des lois françaises pour les mettre en adéquation avec le droit international.

PROBLÈMES EXACERBÉS

L'association demande également à ce que les démantèlements soient accompagnés d'offres de logement de remplacement. Elle rappelle que dans un courrier adressé au collectif RomEurope pendant la campagne présidentielle, François Hollande avait dit "souhaiter", lorsqu'un campement insalubre est démantelé, que des solutions alternatives soient proposées aux populations concernées.

"Les expulsions forcées ne règlent pas le problème mais l'exacerbent", a estimé mercredi lors d'une conférence de presse Marion Cadet, chercheuse à Amnesty International, soulignant qu'une fois expulsés, les Roms se réinstallent souvent illégalement sur d'autres terrains, dans un habitat encore plus précaire.

Les expulsions à répétition génèrent par ailleurs des problèmes de santé et de scolarisation, ont souligné mercredi plusieurs acteurs de terrain.

"L'expulsion sans préparation, et souvent faite dans l'urgence, aboutit à des ruptures de soin", a ainsi témoigné Martin Duteurtre, d'une équipe de soins mobile de Médecins du monde.

Véronique Decker, directrice d'une école à Bobigny où sont scolarisés une trentaine d'enfants issus de communautés roms roumaines et bulgares, a de son côté fait part de "l'effondrement psychique" voire de "l'abandon" des enfants "habitués de l'expulsion". "Nous créons des enfants qui ne trouvent pas leur place", a-t-elle dit.

Chine Labbé, édité par Jean-Philippe Lefief