BFMTV
Logement

A Marseille, une centaine de Roms risquent l'expulsion

BFMTV
par Jean-François Rosnoblet MARSEILLE (Reuters) - Une centaine de Roms, dont un tiers d'enfants, attendaient mercredi d'être expulsés de leur...

par Jean-François Rosnoblet

MARSEILLE (Reuters) - Une centaine de Roms, dont un tiers d'enfants, attendaient mercredi d'être expulsés de leur campement de fortune érigé sur les pelouses marseillaises de la porte d'Aix, l'une des principales entrées dans la ville.

A l'ombre d'un micocoulier et d'un grand figuier, dont les fruits ont depuis longtemps été cueillis, les familles vivent depuis près d'un mois sur cet espace sans eau, ni électricité, au coeur d'un important noeud routier.

Hommes, femmes et enfants s'entassent sous une vingtaine de tentes délabrées. Sur un matelas taché, une femme enceinte semble indifférente à l'agitation et au bruit qui l'entourent.

Dans un caddie de supermarché, elle a empilé toutes ses richesses: un jouet d'enfant cassé, des sandales d'été et un sachet de nourritures diverses.

"On nous pourchasse de la même façon en Roumanie. La seule différence, c'est qu'ici vos poubelles sont plus riches", explique son mari dans un mauvais français. Le couple a prévu de rejoindre dans la journée un autre campement sauvage de la ville.

Le tribunal administratif a en effet validé mardi l'arrêté municipal réclamant la fin d'une occupation "de nature à générer un trouble grave à l'ordre public qui s'accentue chaque jour".

La centaine de Roms a vingt-quatre heures pour évacuer les lieux avant l'intervention probable des forces de police.

LES EXPULSIONS SE POURSUIVENT

"On les expédie hors de vue, quelques centaines de mètres plus loin. On cache la misère, mais on ne résout pas le fond du problème", s'indigne Me Dany Cohen, qui a vainement plaidé leur cause lors de l'audience.

Les militants associatifs locaux estiment pour leur part que les évacuations de campement réduisent à néant les efforts d'intégration des familles.

Dans l'urgence, ils essaient d'obtenir la mise à disposition d'un gymnase pour accueillir les personnes les plus fragilisées durant quelques jours. A long terme, ils réclament la mise à disposition de terrains, notamment militaires, pour assurer un suivi sanitaire et éducatif de cette population.

"La plupart des familles sont depuis plusieurs années à Marseille. On estime environ à 1.500 le nombre de Roms qui vivent en permanence dans la ville, dans une trentaine de campements insalubres", explique le vice-président de la Fédération des droits de l'homme des Bouches-du-Rhône, Philippe Dieudonné.

"Tout ce qu'on nous a proposé pour l'instant est un terrain inhabitable, en bord d'autoroute, au fin fond d'une impasse", ajoute-t-il.

Un an près la déclenchement d'une politique de démantèlement de leurs camps, les expulsions de Roms se poursuivent en France et leur précarité s'aggrave, sans pour autant diminuer leur nombre, selon un récent rapport de Médecins du monde.

Des associations de soutien aux migrants estiment que cette politique ne vise qu'à gonfler les statistiques des reconduites à la frontière, d'autant que ces citoyens roumains et bulgares peuvent revenir librement en France une fois expulsés.

Edité par Patrick Vignal