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Les syndicats crient victoire au sujet des retraites

Les syndicats français estiment mardi avoir gagné leur pari de mobiliser plus de deux millions de personnes contre la réforme des retraites, comme ici à Lille, pour obliger le gouvernement à modifier son projet en profondeur. /Photo prise le 7 septembre 2

Les syndicats français estiment mardi avoir gagné leur pari de mobiliser plus de deux millions de personnes contre la réforme des retraites, comme ici à Lille, pour obliger le gouvernement à modifier son projet en profondeur. /Photo prise le 7 septembre 2 - -

PARIS (Reuters) - Les syndicats français estiment mardi avoir gagné leur pari de mobiliser plus de deux millions de personnes contre la réforme des...

PARIS (Reuters) - Les syndicats français estiment mardi avoir gagné leur pari de mobiliser plus de deux millions de personnes contre la réforme des retraites pour obliger le gouvernement à modifier son projet en profondeur.

Les centrales syndicales ont crié victoire lors d'une journée de grève et de manifestations qu'il jugent plus réussie que celle du 24 juin dernier, lorsque deux millions de personnes avaient selon elles défilé dans les rues.

"On est largement plus nombreux qu'on ne l'était le 24 juin. C'était l'objectif et le gouvernement ne pourra pas faire comme s'il ne s'était rien passé aujourd'hui", a dit dans le cortège parisien le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault.

Pour François Chérèque, le dirigeant de la CFDT, il s'agit "de la plus grosse mobilisation de ces dernières années".

Même si le ministère de l'Intérieur donnait un chiffre de 450.000 manifestants à la mi-journée - soit l'équivalent selon lui du mouvement du 24 juin - la tendance, telle que présentée par les syndicats, voire la police, semblait générale.

A Marseille, 200.000 personnes ont manifesté selon les syndicats, contre 120.000 en juin, et à Lyon ils étaient 30.000 contre 25.000 il y a deux mois et demi. A Bordeaux, de 40.000 à 100.000 manifestants ont défilé selon les sources, contre une fourchette de 25.000 à 70.000 en juin.

A Caen, la police en a décompté 24.500 (18.000 en juin).

"Du fric pour nos retraites, il y en a !", pouvait-on lire sur une des pancartes à Bordeaux sous un portrait de Liliane Bettencourt, signe, comme dans tous les cortèges, de l'impact des soupçons de trafic d'influence qui pèsent sur le ministre du Travail, Eric Woerth, pour ses liens avec l'héritière de L'Oréal.

Les syndicats, qui se battent contre le report de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans à l'horizon 2018, peuvent compter sur le soutien de l'opposition dans les défilés qui se sont déroulés dans près de 200 villes de France.

LES DÉPUTÉS ENTAMENT LE DÉBAT

Le Parti socialiste a en effet une nouvelle fois promis mardi de revenir à 60 ans s'il revenait au pouvoir en 2012.

"Nous défendons la liberté pour les salariés de pouvoir partir à 60 ans", dit le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, dans une interview publiée mardi dans Le Parisien.

L'objectif des syndicats est de faire pression sur les députés qui ont entamé le débat sur ce projet qui vise à rétablir l'équilibre des régimes de retraite en 2018.

Mais les syndicats savent que la journée de mardi ne suffira pas à elle seule à faire plier le gouvernement.

La majorité a martelé ces derniers jours qu'elle ne renoncerait pas à l'essentiel, le report de l'âge légal de départ à la retraite, même si l'exécutif a annoncé des gestes sur les carrières longues, les métiers pénibles, les polypensionnés ou les retraites des femmes.

"En proposant 62 ans, le gouvernement a fait un choix raisonnable et en même temps un choix qui est incontournable pour assurer le financement des retraites des Français", a dit le Premier ministre, François Fillon, à l'Assemblée nationale.

Le gouvernement insiste sur le fait qu'à 62 ans, la France serait encore en dessous de ce qui se fait dans d'autres pays d'Europe, comme en Allemagne, où le seuil a été porté à 67 ans.

Dans ce contexte, les syndicats se préparent déjà à maintenir la pression au-delà du 7 septembre.

Bernard Thibault, qui se réunira dès mercredi avec l'intersyndicale, est déterminé à poursuivre le mouvement.

"Au gouvernement de réagir", a-t-il dit. "S'il ne réagit pas et que nous ne sommes pas entendus, il y aura des suites à cette mobilisation et aucune forme n'est rejetée jusqu'à présent."

FORTES PERTURBATIONS

Mais tous les dirigeants syndicaux se montrent très sceptiques sur l'organisation d'une grève générale pour faire plier le gouvernement s'il refuse de bouger.

"La grève générale, ça a en France une connotation qui est très particulière, ça a un côté insurrectionnel, c'est pour cela que nous n'utilisons pas cette formule", a déclaré à Reuters Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière.

A l'exception des gestes annoncés et considérés mineurs par les syndicats, le gouvernement entend tenir bon sur une réforme jugée essentielle pour assurer l'avenir d'un régime qui, si rien n'était fait, connaîtrait un déficit de 50 milliards d'euros par an en 2020 selon le Conseil d'orientation des retraites.

L'exécutif peut compter sur les sentiments partagés des Français exprimés dans un sondage de l'Ifop diffusé mardi.

Cette étude note que l'opinion soutient majoritairement le principe d'une réforme, puisque 53% des interviewés estiment que le gouvernement est "courageux dans ses choix".

Mais seuls 33% estiment que le gouvernement est "juste dans ses choix" et 70% jugent les manifestations justifiées.

La journée de grève a provoqué de fortes perturbations dans les transports, l'éducation et divers services publics.

La grève a été suivie par 24,8% des fonctionnaires de l'Etat, alors qu'ils n'étaient que 18,7% en juin, et par 42,9% des cheminots, contre 39,8% il y a deux mois et demi.

Elle est respectée par 29,3% des enseignants, dit le ministère de l'Education, tandis que les syndicats de la FSU chiffrent les grévistes à 60% dans le primaire et 55% dans le secondaire, soit davantage que le 24 juin.

Deux TGV sur cinq circulent en moyenne et la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes de réduire leurs programmes de vols de 25% sur les aéroports parisiens d'Orly et de Roissy.

Yves Clarisse, avec Service France, édité par Gilles Trequesser