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Société

Les syndicats comptent sur une mobilisation massive

Manifestants jeudi à Nice contre la réforme des retraites. Les syndicats comptent sur une participation massive des Français pour forcer le gouvernement à amender son projet en profondeur. /Photo prise le 23 septembre 2010/REUTERS/Eric Gaillard

Manifestants jeudi à Nice contre la réforme des retraites. Les syndicats comptent sur une participation massive des Français pour forcer le gouvernement à amender son projet en profondeur. /Photo prise le 23 septembre 2010/REUTERS/Eric Gaillard - -

PARIS (Reuters) - Les syndicats comptent sur une participation massive des Français aux manifestations et grèves de ce jeudi contre la réforme des...

PARIS (Reuters) - Les syndicats comptent sur une participation massive des Français aux manifestations et grèves de ce jeudi contre la réforme des retraites pour forcer le gouvernement à amender son projet en profondeur.

L'ambition des huit centrales syndicales qui ont appelé à cette mobilisation est de faire au moins aussi bien que le 7 septembre, quand elles avaient réussi à faire descendre dans la rue de 1,1 à 2,7 millions de personnes, selon les sources.

"Il n'y a qu'un rapport de force important qui peut faire reculer le gouvernement", a déclaré le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, sur France 2. "S'il y a une mobilisation forte, (le gouvernement) sera obligé de reculer."

Son homologue de la CGT, Bernard Thibault, est sur la même longueur d'ondes avant le début, le 5 octobre, de l'examen par le Sénat du projet de loi qui a été adopté la semaine dernière sans grand changement par l'Assemblée nationale.

"Avec une mobilisation de ce type, nous sommes en droit d'exiger du gouvernement qu'il accepte de rediscuter avec les syndicats, ce qu'il n'a jamais fait depuis le début sur le fond de l'affaire", a-t-il estimé sur Canal+.

Mais le front syndical, qui se réunira vendredi matin pour faire le bilan de la journée d'action et décider des prochaines étapes, n'est pas totalement uni.

LA CFDT REFUSE LA RADICALISATION

L'éventualité d'une grève reconductible est désormais brandie comme une menace par la CGT et FO, mais la CFDT refuse de radicaliser le mouvement pour obliger le gouvernement à renoncer notamment au report de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans.

"Ceux qui veulent radicaliser le mouvement, appeler à la grève générale, souvent veulent rentrer dans une démarche politique, d'opposition globale avec le gouvernement", a fait valoir le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque.

"On a une force tranquille, utilisons cette force, je crois que c'est ca qui fait notre réussite", a-t-il dit, au micro de RMC, en soulignant que les salariés ne peuvent "pas perdre plus d'une ou deux journées de salaire par mois".

La CFDT propose une journée de manifestations un week-end en octobre et estime que "le gouvernement est en train de douter".

Avant le début des manifestations, le mouvement de grève était en début de journée comparable à celui du 7 septembre.

La SNCF a annoncé qu'un TGV sur deux circulait, contre deux sur cinq il y a 15 jours. Dans les aéroports parisiens 25% des vols étaient annulés, contre 50% lors de la précédente journée. Dans l'éducation, un quart environ des enseignants étaient en grève selon le ministère, un chiffre similaire à celui du 7 septembre.

Mais le gouvernement ne semble pas prêt à reculer sur l'essentiel de sa réforme, les mesures d'âge qui prévoient le report de l'âge légal de départ en retraite de 60 à 62 ans et de 65 à 67 ans pour l'obtention d'une retraite à taux plein.

LES FRANÇAIS NE CROIENT PAS LE PS

Plusieurs ministres du gouvernement ont estimé que ces mesures, qui représentent 20 milliards d'euros de recettes supplémentaires en 2018, moins de la moitié du déficit prévisible du régime, ont fait leur chemin dans les esprits.

Selon deux sondages publiés mercredi, les Français disent en effet ne pas croire à la promesse du Parti socialiste de ramener l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans s'il revient au pouvoir, ce qui conforte le gouvernement.

Mais toutes les portes ne sont pas fermées et le Sénat garde des marges de manoeuvre sur des sujets comme la pénibilité des carrières ou l'égalité hommes-femmes.

La Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) a d'ailleurs annoncé avoir averti le gouvernement que le relèvement de l'âge de départ à taux plein de 65 à 67 ans était discriminatoire à l'égard des femmes.

Des voix se sont élevées au Sénat, dont celle de son président, Gérard Larcher, pour réclamer que soit préservé le droit à partir à la retraite à 65 ans sans décote pour les femmes ayant élevé au moins trois enfants.

Même si le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a dit qu'on ne bougerait pas sur ce point au nom de l'équilibre financier de la réforme, le Sénat, où l'UMP n'a pas la majorité à elle seule, pourrait amender le projet sur ce point.

Service France, édité par Gilles Trequesser