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Société

Les secrets culinaires de la diplomatie partagés à Paris

Le "Club des Chefs des Chefs", cuisiniers de chefs d'Etat du monde entier, réunis dans un hôtel parisien. Ces maîtres culinaires venant d'horizons aussi lointains que la Chine et le Sri Lanka, échangent recettes et astuces en attendant d'être reçus, mardi

Le "Club des Chefs des Chefs", cuisiniers de chefs d'Etat du monde entier, réunis dans un hôtel parisien. Ces maîtres culinaires venant d'horizons aussi lointains que la Chine et le Sri Lanka, échangent recettes et astuces en attendant d'être reçus, mardi - -

par Vicky Buffery PARIS (Reuters) - Convaincus que de bonnes relations entre les grands de ce monde passent par la bonne chère, les maestros...

par Vicky Buffery

PARIS (Reuters) - Convaincus que de bonnes relations entre les grands de ce monde passent par la bonne chère, les maestros culinaires du "Club des Chefs des Chefs" réunis cette semaine à Paris estiment jouer un rôle de l'ombre dans la diplomatie mondiale.

Une vingtaine de chefs cuisiniers de chefs d'Etat du monde entier, venant d'horizons aussi lointains que la Chine et le Sri Lanka, échangent recettes et astuces culinaires en attendant d'être reçus, mardi après-midi, par François Hollande.

"Les présidents passent, mais les chefs restent, c'est très important dans la continuité de l'Etat et dans la continuité de la gastronomie", dit Gilles Bragard, qui a créé l'association en 1977.

"Si la politique divise les hommes, une bonne table les réunit. Quand on se retrouve autour d'une table, si l'ambiance est bonne, si les mets sont sympathiques, c'est là où les idées se rapprochent plus facilement", ajoute-t-il.

L'homme d'affaires, couturier des cuisines et de l'hôtellerie internationale, aime rappeler cette adresse de Talleyrand à Napoléon : "Donnez-moi un bon cuisinier, je vous ferai de bons traités".

Une véritable synthèse du rôle que ces chefs entendent jouer sur la scène politique internationale. "Ces chefs sont de grands cuisiniers mais aussi de grands diplomates", estime Gilles Bragard.

Avant de passer trois jours à Paris où ils ont déjà visité le château de Versailles, dîné au "Mini Palais", dans les murs du Grand Palais, et où les attendent encore un repas au "Jules Verne" d'Alain Ducasse et un dîner de gala au Sénat, ces chefs ont visité Berlin, où ils ont été reçus par Angela Merkel.

PAS D'ARTICHAUTS POUR HOLLANDE

Parmi les chefs qui doivent être accueillis à l'Elysée figurent Cristeta Comerford, chef des présidents américains Bill Clinton, George Bush et désormais Barack Obama, ou encore Bernard Vaussion, chef des présidents français depuis près de 40 ans.

À leurs côtés, celui qui a sans doute cuisiné pour le plus grand nombre de chefs d'Etat : Daryl Schermbeck, chef des cuisines de l'Organisation des Nations unies, à New York.

"Je pense que ce que je cuisine peut vraiment faire une différence sur la manière dont les discussions se déroulent", a-t-il dit à Reuters.

Ces hommes et ces femmes de l'ombre connaissent les préférences des différents chefs d'Etat. Ils savent, par exemple, que la chancelière allemande adore venir à Paris déguster des mets français, ou encore qu'il vaut mieux ne pas servir d'artichauts à François Hollande.

Pour commémorer le 50e anniversaire de la réconciliation franco-allemande ce mois-ci à Reims, les cuisiniers français ont reproduit le fameux repas fait de filet de boeuf et de macarons aux framboises préparé en 1962 pour le général de Gaulle et le chancelier allemand Konrad Adenauer.

Une relation de confiance existe entre les chefs et ces dirigeants, sauf peut-être au Kremlin, où subsiste toujours un goûteur chargé de vérifier si les repas servis au président russe ne sont pas empoisonnés.

Mais les confidences de ces gardiens des dessous de la diplomatie s'arrêtent là. Tenus au silence, ils sont en revanche plus prolixes en anecdotes concernant d'anciens leaders.

Anton Mosimann, qui a cuisiné pour une série d'anciens Premiers ministres britanniques, raconte ainsi comment Margaret Thatcher lui a un jour commandé un somptueux plat de veau pour François Mitterrand. Cinq ans plus tard, il croisa Margaret Thatcher qui le félicita pour ce repas, ajoutant avec un air renfrogné : "C'était très cher".

"Madame Thatcher était comme ça, elle ne ratait jamais rien", dit-il.

Chine Labbé pour le service français, édité par Yves Clarisse