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Société

Les quartiers sensibles peinent à combler leur retard

Dans les quartiers nords de Marseille. Selon un rapport publié jeudi, les 751 quartiers classés "zones urbaines sensibles" en France peinent à combler les écarts qui les séparent du reste de la population, en terme de chômage, de revenus, de logement, de

Dans les quartiers nords de Marseille. Selon un rapport publié jeudi, les 751 quartiers classés "zones urbaines sensibles" en France peinent à combler les écarts qui les séparent du reste de la population, en terme de chômage, de revenus, de logement, de - -

PARIS (Reuters) - Chômage, revenus, logement, santé, insécurité: les 751 quartiers classés "zones urbaines sensibles" en France peinent à combler...

PARIS (Reuters) - Chômage, revenus, logement, santé, insécurité: les 751 quartiers classés "zones urbaines sensibles" en France peinent à combler les écarts qui les séparent du reste de la population, montre un rapport publié jeudi.

Présenté comme une "photographie de l'évolution des inégalités sociales et des écarts de développement" de ces "Zus", ce rapport met en évidence des taux de chômage nettement supérieurs à la moyenne nationale, des écarts certes réduits mais importants en terme de réussite scolaire et un sentiment d'insécurité plus prégnant que dans le reste des villes.

Le ministre de la Ville, Maurice Leroy, s'est néanmoins félicité dans un communiqué du fait que "la transformation des quartiers s'est accélérée grâce aux 12 milliards d'euros engagés par l'Agence nationale de la rénovation urbaine qui ont généré, au total, 42 milliards d'euros d'investissements".

"Le rapport de l'Onzus (Observatoire national des zones urbaines sensibles) montre bien que là où l'Etat concentre ses moyens d'intervention, les difficultés sont moins grandes", ajoute-t-il.

De fait, l'écart de taux de chômage entre les Zus et les "unités urbaines de référence" (UUR), c'est-à-dire les quartiers environnants non classés Zus, s'est réduit depuis 2005.

Mais il reste conséquent: 8,8 points pour les 15-59 ans contre 10,4 points il y a cinq ans.

SANTÉ AFFECTÉE

Et certains chiffres sont plus préoccupants: 43% des hommes de 15 à 25 et 37% des femmes du même âge vivant en Zus étaient au chômage en 2009, contre 37% et 22% respectivement dans les quartiers voisins.

Un jeune homme sur six et une jeune femme sur huit étaient au chômage en Zus en 2009, contre un jeune sur 12 dans les agglomérations abritant ces quartiers, résume le rapport.

Il met en avant le fait que les emplois aidés peinent à réduire les discriminations à l'insertion durable: pour un titulaire d'un contrat initiative emploi (CIE) habitant en Zus, la probabilité d'occuper un emploi durable au bout de six mois est inférieure d'un quart à celle d'une personne dans la même situation vivant hors Zus.

Point positif, l'année 2009 a permis une forte hausse es créations d'entreprises dans ces quartiers, grâce notamment au succès du statut d'entrepreneur.

Conséquence entre autres de la persistance d'un chômage élevé: près de 29% des personnes résidant dans les 717 Zus de métropole vivaient sous le seuil de pauvreté en 2008, soit 2,4 fois plus que dans le reste du territoire. Une proportion qui atteignait 44% pour les moins de 18 ans et 42% pour les 18-24 ans.

Cette précarité a des conséquences sur la santé. Le rapport observe que 8% des élèves de CM2 en Zus souffrent d'obésité, contre 3% en dehors. Un quart d'entre eux ne prennent pas leur petit-déjeuner sept fois par semaine, contre un sixième hors Zus. De même, la proportion d'enfants à jour de leurs vaccins ou portant lunettes ou lentilles est inférieure à la moyenne.

RÉUSSITE SCOLAIRE EN RETARD

En terme de moyens et de réussite scolaires, le rapport est plus ambigu: il constate que le nombre d'enseignants du secondaire a un peu moins baissé que les effectifs ces dernières années, que les redoublements ont "nettement diminué" et que la réussite au brevet comme au bac progresse.

Mais "malgré ces progressions, les taux de réussite au bac restent dans les lycées publics en Zus en moyenne systématiquement inférieurs à eux des lycées situés hors de ces quartiers", ajoute-t-il.

L'ambigüité est aussi présente en matière de délinquance: les atteintes aux biens dans les Zus ont diminué de 15% entre 2005 et 2009, malgré une remontée en fin de période. Mais le taux d'atteintes aux personnes est supérieur de 11% à celui enregistré dans les circonscriptions de sécurité publique dont dépendent ces quartiers.

De même, le sentiment d'insécurité exprimé par les habitants des Zus est supérieur de 11 points à celui des quartiers environnants.

La lecture positive du rapport exprimée par Maurice Leroy n'est pas partagée par tous les observateurs.

Dans un communiqué, la CFDT évoque "une dégradation significative de la situation", en particulier en matière d'emploi, et dénonce l'inefficacité des politiques de la ville.

Le 15 décembre, après la publication par Le Monde de certains chiffres du rapport de l'Onzus, le Parti socialiste avait dénoncé "l'échec du gouvernement à sortir ces quartiers de la logique de ghettoïsation".

Le budget 2011 prévoit 618 millions d'euros de crédit au titre de la politique de la ville, auxquels s'ajouteront 310 millions pour le développement économique et l'emploi, prés de 1,3 milliard de dotations de péréquation en faveur des collectivités locales concernées.

Marc Angrand, édité par Gilles Trequesser