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Société

Les jeunes SDF de plus en plus nombreux

Une fois sur cinq, c'est-à-dire 20% des cas, au bout du fil, l'interlocuteur est âgé de 18 à 24 ans. En  seulement 4 ans, la part des 20 - 24 ans hébergés dans ces centres est passée de 8 à 10%.

Une fois sur cinq, c'est-à-dire 20% des cas, au bout du fil, l'interlocuteur est âgé de 18 à 24 ans. En seulement 4 ans, la part des 20 - 24 ans hébergés dans ces centres est passée de 8 à 10%. - -

La précarité commence de plus en plus tôt. Elle est aussi en forte augmentation. Depuis quatre ans, les centres d’urgences accueillent un nombre grandissant de jeunes de moins de 25 ans. Une situation préoccupante aux raisons multiples.

Ils sont partis de chez eux, souvent après une rupture familiale. A la rue, le 115 devient un numéro qu’ils connaissent et sont contraints de composer. Croiser de jeunes SDF est malheureusement de plus en plus fréquent.

« Un appel sur cinq passé au 115 provient d’un jeune entre 18 et 24 ans »

Une fois sur cinq, c'est-à-dire 20% des cas, au bout du fil, l'interlocuteur est âgé de 18 à 24 ans. Et dans les centres d’hébergements d’urgences, la situation n’est guère meilleure. En seulement 4 ans, la part des 20 - 24 ans hébergés dans ces centres est passée de 8 à 10%.

Des chiffres inquiétants fournis par une enquête de l'Observatoire national du 115, publiée jeudi dans le quotidien La Croix.

« De jeunes garçons et de plus en plus de filles »

Parmi ces jeunes, les garçons sont majoritaires, mais les filles sont de plus en plus nombreuses à fuir un père ou un frère violent, et même des mariages forcés. Ce genre de rupture familiale concerne plus d’un quart des appels reçus par le 115. Mais on observe également une autre tendance, celle de l’immigration. Immigration transnationale ou simple changement de département obligent parfois certains jeunes à se replier vers les centres d’urgences pour ne pas dormir dehors.

« La faim, la solitude, le sommeil, c’est les trois choses les plus terribles qu’on peut avoir dans la rue. »

Pierre a 24 ans, il est à la rue depuis plus d’un an. Il a quitté le foyer familial après quelques problèmes relationnels avec ses parents.
« C’est moi qui suis partis. Ça a été dur. Au début, je croyais que ça allait durer quelques jours, puis quelques semaines, après, quelques mois... Un an et demi après on n’a plus de dignité, on n’est plus rien. Le plus difficile dans la rue c’est la solitude. Être seul, je vous assure, c’est ce qu’il y a de pire. La faim, la solitude, le sommeil c’est les trois choses les plus terribles qu’on peut avoir dans la rue. A quelques jours près, je n'aurai pas été là en train de vous parler. Ce qu’il y a de pire pour une vie c’est d’être dans la rue. »

« Ces jeunes de 18 à 25 ans devraient être dans des foyers de jeunes travailleurs »

Emmanuel Coursier est responsable de "La Mie de Pain", le plus grand centre d'hébergement de France, dans le 13e arrondissement de Paris. Chaque jour arrivent une dizaine de jeunes de moins de 25 ans dans son centre. Pour lui, ils ne devraient pas être dans ces centres d’urgences.
«Ces jeunes de 18 à 25 ans devraient être dans des foyers de jeunes travailleurs. Ici c’est du collectif, même du grand collectif, il y a 432 personnes. On mélange des jeunes qui sont en rupture familiale, qui ne sont pas encore devenus des sans-abris, qui ne sont pas encore clochardisés ou désocialisés, avec un public de sans-abris vulnérable, en souffrance, alcoolisé.»

« On a de plus en plus de femmes victimes de violences conjugales […] ou qui craignent un mariage forcé »

Nicole Maestracci est la présidente de la Fédération nationale des associations d'accueil, dont dépend l'observatoire du 115. Elle remarque que les femmes sont de plus en plus nombreuses au sein de ces centres d’accueils.
« On a un quart de jeunes qui ont été suivis par un juge des enfants. On a un quart de jeunes qui ont connu des foyers, familles d’accueils, aide sociale à l’enfance. On a de plus en plus de femmes victimes de violences conjugales qui ne supportent plus l’autorité de leur père ou de leur frère ou qui craignent un mariage forcé. Ce sont quand même des jeunes qui ont suivi un parcours chaotique et ont été touchés par la pauvreté. »