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Société

Les jeunes d'un quartier de Garges-les-Gonesse rénovent un commissariat

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - Philippe Huguen-AFP

"Quand mes copains ont su que j'allais travailler dans un commissariat, ils se sont moqués de moi". Murphin, 17 ans, ainsi que 5 autres jeunes issus de quartiers sensibles de Garges-lès-Gonesse, ont participé cette semaine à un chantier de rénovation du commissariat de cette ville du Val-d'Oise. L'adolescent, qui rentrera en première professionnelle la semaine prochaine, ne connaissait jusqu'ici les lieux que pour quelques rapides gardes à vue sans suites judiciaires.

Les jeunes sont rémunérés pour payer leur permis de conduire

Suivi par l'association de prévention spécialisée Berges, il rénove depuis lundi avec deux autres garçons et trois filles l'entrée du commissariat, un chantier éducatif mené à l'initiative de la préfecture et de la mairie. Réticent au début, le lycéen, qui donnait vendredi les derniers coups de pinceau sur le mur d'entrée, écouteurs enfoncés dans les oreilles, s'est lancé dans l'aventure "pour payer une partie de son permis de conduire".

Les jeunes seront en effet rémunérés 350 euros pour leur semaine de labeur. "L'argent sera ensuite remis sous forme de chèque à l'auto-école de leur choix", explique un des éducateurs encadrant le groupe, Guillaume Auger. "Aujourd'hui un permis vaut un bac", ajoute son collègue Jonathan Queue-Scalone.

Les jeunes avec un dossier "trop chargé" écartés

Le directeur de cabinet du préfet du Val-d'Oise, Jean-Simon Merandat, et le maire de Garges, Maurice Lefèvre (LR), ont salué ce vendredi cette initiative, de nature à rapprocher police et population. "Ca valorise les jeunes et ça leur donne une autre image de la police", estime le maire.

"C'est une opération gagnant/gagnant", souligne le directeur de cabinet du préfet. Du côté des policiers, les doutes suscités par le chantier se sont dissipés au fil de la semaine, les deux parties s'étant apprivoisées autour de croissants et de glaces amenés par les uns ou par les autres.

Le commissariat avait par ailleurs trié les candidats proposés par l'association en écartant ceux "avec un dossier trop chargé", explique un éducateur. "Au début, les policiers ont posé des questions, voulaient savoir si c'était des jeunes connus de nos services. Il y avait surtout des craintes au niveau de la sécurité car nous avons des armes et des scellés", explique le commandant Nicolas Lecomte, très satisfait du travail des jeunes.

Fort du succès de cette première initiative, un second chantier éducatif sera lancé durant les vacances de la Toussaint pour rénover l'étage du commissariat, avec d'autres jeunes suivis par l'association Berges.

AFP