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Société

Les gens du voyage refusent d'être des "boucs émissaires"

A l'unisson avec une partie de la classe politique, quatre associations représentant les gens du voyage s'élèvent contre "l'odieuse stigmatisation" dont ils s'estiment victimes avant une réunion mercredi à l'Elysée destinée à faire le point sur la situati

A l'unisson avec une partie de la classe politique, quatre associations représentant les gens du voyage s'élèvent contre "l'odieuse stigmatisation" dont ils s'estiment victimes avant une réunion mercredi à l'Elysée destinée à faire le point sur la situati - -

PARIS (Reuters) - A l'unisson avec une partie de la classe politique, quatre associations représentant les gens du voyage s'élèvent contre...

PARIS (Reuters) - A l'unisson avec une partie de la classe politique, quatre associations représentant les gens du voyage s'élèvent contre "l'odieuse stigmatisation" dont ils s'estiment victimes avant une réunion mercredi à l'Elysée.

"Le président de la République érige les gens du voyage en boucs-émissaires des difficultés rencontrées en matière de sécurité par le gouvernement", écrivent l'Association nationale des gens du voyage catholiques (ANGVC), l'Union française des associations tsiganes (UFAT), l'Association sociale nationale internationale tsiganes (ASNIT) et la FNASAT - Gens du voyage, dans un communiqué commun.

Après une journée de violences dimanche dernier à Saint-Aignan, dans le Loir-et-Cher, Nicolas Sarkozy a annoncé son intention de faire expulser tous les campements en situation irrégulière.

Aux yeux du chef de l'Etat, les événements de Saint-Aignan "soulignent les problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms".

Ces propos ont suscité une vague de réactions et de soutiens parmi les politiques, même dans les rangs de la droite, et les organisations de défense des droits de l'homme.

Selon ces dernières, il y a entre 400.000 et 600.000 personnes en France appartenant aux populations manouches ou tsiganes mais toutes ne sont pas itinérantes.

Une loi de 1990 impose aux communes de plus de 5.000 habitants d'aménager des aires de stationnement pour les accueillir.

Dans leur communiqué, outre l'amalgame présidentiel - les gens du voyage sont en très grande majorité Français, les Roms souvent originaires de Roumanie ou de Bulgarie - les quatre associations pointent les carences de nombreuses municipalités, qui refusent d'appliquer la loi.

Elles dénoncent une posture présidentielle "ethnique et répressive". "La situation des gens du voyage appelle des réponses publiques concertées et volontaristes, plutôt que des annonces dont on discerne mal qui elles concernent et les effets positifs qu'elles pourraient produire", ajoutent-elles.

Pour les associations, la réunion de mercredi renforce "l'inutile et dangereuse ethnicisation du débat, qui nous entraîne bien loin de l'idéal républicain".

"VISION ETHNICISANTE DE LA RÉPUBLIQUE"

A Saint-Aignan dimanche dernier, une cinquantaine de personnes armées de haches et de barres de fer ont vandalisé plusieurs bâtiments, dont celui de la gendarmerie, et scié des arbres dans le centre du village.

Ils disaient vouloir protester contre la mort d'un des leurs, tué deux jours plus tôt par balle après avoir, selon les autorités, forcé un barrage de police au volant d'une voiture.

Depuis que Nicolas Sarkozy a déclaré la "guerre à la criminalité", lors du conseil des ministres de mercredi, la Ligue des droits de l'homme, Amnesty International et la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) ont dénoncé les annonces "stigmatisantes" du chef de l'Etat.

Dans Le Parisien Dimanche, l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius fustige également un "traitement ethnique de la violence".

"On attend que le chef de l'Etat rassemble, or M.Sarkozy pratique une stratégie de tension (...) entre une communauté et une autre", juge le député PS.

"Avec Nicolas Sarkozy, la démagogie ne prend jamais de vacances", accuse de son côté le Parti de gauche dans un communiqué. "Nicolas Sarkozy instille une vision ethnicisante de la République et s'en sert pour faire d'une population déjà fragile et précarisée des boucs émissaires", ajoute le parti de Jean-Luc Mélenchon.

Les violences de Saint-Aignan sont "inacceptables", note pour sa part le député européen MoDem Jean-Luc Bennahmias pour qui il faut être "ferme et juste".

Cependant, ajoute-t-il dans un communiqué, il incombe aux politiques de faire respecter la loi et d'obliger les communes à aménager des aires d'installation.

Laure Bretton