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Les fans de hard rock déboulent à Clisson pour le Hellfest

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par Guillaume Frouin CLISSON, Loire-Atlantique (Reuters) - Plus de 70.000 fans de metal et de hard rock sont attendus jusqu'à dimanche soir à...

par Guillaume Frouin

CLISSON, Loire-Atlantique (Reuters) - Plus de 70.000 fans de metal et de hard rock sont attendus jusqu'à dimanche soir à Clisson (Loire-Atlantique) pour la sixième édition du Hellfest, manifestation aussi sulfureuse que populaire.

S'il engendre d'importantes retombées économiques pour cette commune rurale du vignoble nantais, ce festival de "musiques extrêmes" est aussi décrié par une partie de la communauté chrétienne locale.

Pendant que Iggy Pop and the Stooges, Scorpions ou Ozzy Osbourne se produiront sur scène, deux "permanences de prières" seront organisées dans l'église de la commune pour "que notre jeunesse ne soit pas enténébrée par des influences mauvaises", a dit à Reuters le prêtre de la paroisse.

"Nous n'avons rien contre les festivaliers, avec qui la cohabitation ne se passe pas trop mal, mais on s'oppose vigoureusement aux provocations anti-chrétiennes de certains groupes", explique le père François-Xavier Henry.

"Les organisateurs ont interdit des groupes pour des propos anti-juifs, ils doivent avoir le courage de faire de même avec ceux qui tiennent des propos christianophobes".

Le Hellfest a déprogrammé en mars un groupe en raison de ses chansons ironiques intitulées "Hitler was a sensitive man" ("Hitler était un homme sensible") ou "I hope you get deported" ("J'espère que tu seras déporté").

Les organisateurs ont également annulé la venue d'un chanteur dont les "sympathies néo-nazies" leur avaient été signalées par des festivaliers.

"DU PAIN-BENIT"

Mais tous ne sont pas si critiques dans cette cité médiévale de 7.000 habitants, nichée au milieu des vignes du muscadet, qui tire profit des retombées du Hellfest.

"La traduction littérale de certains textes est inacceptable, mais seule une minorité de spectateurs y prête attention", relativise Jean-Pierre Coudrais, le maire (divers gauche) de Clisson. "La plupart ne viennent pas pour les textes, souvent incompréhensibles, mais pour la musique".

Il faut dire que chaque "métalleux" dépense entre 900 et 1.500 euros pendant les trois jours du Hellfest, entre ses frais de transport, d'hébergement et de nourriture. Environ 25% de cette somme retombe dans le tissu économique local, estiment les élus locaux.

"Pour nous, le Hellfest, c'est du pain-bénit", reconnaît André Rautureau, président de l'office de tourisme de la vallée de Clisson. "Tous nos hébergements sont pleins depuis deux semaines. Cela profite aussi à nos commerçants et nos grandes surfaces".

"En termes touristiques, cela nous permet de toucher une population jeune et internationale, qu'on ne toucherait pas autrement", ajoute-t-il. "Ce sont par ailleurs des gens d'une politesse remarquable, et d'une courtoisie que beaucoup d'autochtones pourraient leur envier... "

"LA TARTINE DE L'ENFER"

Les retombées économiques du Hellfest se font d'ailleurs ressentir jusqu'au pied des scènes du festival, installé en plein air sur les terrains d'un complexe sportif. Bars à bières, cocktails de fruits glacés ou encore crêpes biologiques: ses spectateurs, de 68 nationalités différentes, ont largement de quoi boire et manger.

"Les gens ont souvent économisé toute l'année pour venir ici", observe la gérante de "La Tartine de l'Enfer", un stand qui espère écouler 6.000 tartines de fromage et de jambon vendéen d'ici à dimanche. "Une fois sur place, ils lâchent toutes leurs économies".

Un "Extrem Market" a également vu le jour sous des chapiteaux, où les festivaliers peuvent acheter des CD ou des vêtements à l'effigie de leurs groupes préférés. Ils peuvent également s'y faire tatouer ou se faire poser un piercing par l'un des 18 professionnels présents.

"Un paquet de monde vient ici, le succès ne s'est jamais démenti en cinq ans", assure Jérôme Pfeffer, un des organisateurs du festival, qui porte une soutane noire et un chapelet autour du cou.

"C'est un clin d'oeil à tous ces intransigeants qui alimentent la polémique autour du Hellfest", sourit ce jeune homme de 33 ans. "Du coup, cette année, j'ai décidé de bénir les spectateurs à la bière !"

Edité par Elizabeth Pineau