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Les explications du PDG d'Air France

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Alors que les hypothèses se multiplient pour tenter d'expliquer le crash du vol AF 447 Rio-Paris, Pierre-Henri Gourgeon, PDG d'Air France prend la parole pour éclaircir la situation.

Air France « meurtrie » et transparente... Êtes-vous convaincu ? Donnez votre avis et vos arguments dans le forum ci-dessous.

Les recherches se poursuivent toujours au large des côtes brésiliennes pour tenter de retrouver des corps de victimes, des débris de l'Airbus A330 et les boîtes noires de l'appareil qui s'est abîmé dans l'Atlantique le 1er juin dernier, avec 228 personnes à bord. Si les hypothèses se multiplient pour essayer d'expliquer cet accident, les causes de cette catastrophe n'ont toujours pas été établies. Invité du JT de France 2 jeudi 11 juin, Pierre-Henri Gourgeon, PDG d'Air France, plutôt silencieux depuis le drame, tente d'éclaircir la situation.

« On ne nie pas qu'il y a un problème sur les sondes »

Reconnaissant que les sondes indiquant la vitesse de l'avion « peuvent être un élément contributif » de l'accident, le PDG d'Air France, Pierre-Henri Gourgeon précise toutefois : « Pour l'instant, et comme le dit le Bureau Enquêtes Analyses, il n'y a pas de lien avéré entre le dysfonctionnement des indications de vitesse [et l'accident]. On ne nie pas qu'il y a un problème sur les sondes. L'instrument de mesure a un problème, mais nous ne pouvons pas dire que c'est la cause de l'accident ; nous ne le savons pas. »

Les sondes remplacées à temps ?

En septembre 2007, Airbus avait conseillé aux compagnies aériennes de remplacer ces capteurs - dits "tubes Pitot" - sur leur flotte d'A320, A330 et A340 à la suite d'une série d'anomalies. Alors que sa compagnie vient de décider d'accélérer le remplacement de toutes les sondes "Pitot" - qui devrait être achevé fin juin - Pierre-Henri Gourgeon explique : « Depuis les incidents observés à l'été 2008, nous avons cherché avec Airbus des solutions de remplacement pour corriger ces incidents. Ce n'est qu'il y a 6 semaines qu'Airbus nous a informés que contrairement à ce qu'ils pensaient, des essais en laboratoire semblaient montrer une amélioration possible - sans garantie - de la résistance au risque de givrage. Immédiatement après, nous avons décidé de procéder au remplacement de ces sondes. Les premières sondes commandées sont arrivées dans la dernière semaine du mois de mai et le programme pouvait alors commencer. »
Et lorsqu'on lui demande s'il ne regrette pas de ne pas avoir remplacé immédiatement les sondes en question, dès lors qu'il y a eu des incidents constatés en 2008, le PDG d'Air France répond : « Je n'ai aucune information qui me permette de dire que cela aurait évité l'accident. »

« L'alerte a été donnée assez tôt »

Jeudi 11 juin, la famille d'une victime de l'accident du vol AF447 s'est portée partie civile dans l'information judiciaire ouverte par le parquet de Paris. Maître Sophie Bottai, son avocate pointe du doigt un décalage de « 4 heures » selon elle entre la disparition des radars de l'avion, et l'alerte ; elle exige des explications. Le patron d'Air France apporte sur ce point quelques précisions : « Les derniers messages - émis à 4h10 heure de Paris - sont des messages automatiques qui ne donnent pas des informations alarmantes et ne sont pas destinés à être utilisés immédiatement. Destinés à notre entité de maintenance, ils donnent des informations sur des réparations qui pourraient être nécessaires à l'arrivée de l'avion. Au milieu de l'Atlantique, les avions ne sont pas détectés par les radars. Le dernier message échangé par l'avion avec le contrôle au sol brésilien est un message au cours duquel les contrôleurs brésiliens lui disent qu'il doit rappeler le contrôle aérien sénégalais, quand il se rapproche du Sénégal. C'est lorsque ce contrôle aérien sénégalais s'inquiète de ne pas recevoir d'appel, que les procédures prévues en cas de panne radio sont déclenchées. L'alerte a été donnée assez tôt. Malheureusement, l'endroit où l'accident s'est produit rend très difficile le recueil d'informations. »

« Nous sommes des professionnels de la sécurité »

Défendant l'image de son entreprise mise à mal par cette catastrophe aérienne, Pierre-Henri Gourgeon souligne, solennel, le professionnalisme de ses employés : « Air France est totalement meurtrie. Parce que nous avons perdu 228 vies humaines. Et aussi parce que des allégations circulent, sur les sondes, etc. Nous sommes une entreprise composée de professionnels de la sécurité. Pilotes, hôtesses, stewards, mécaniciens... aucun d'eux n'accepterait un seul instant qu'on fasse prendre un petit risque à la vie de nos passagers. Ceci est hors de notre métier. »

« Je m'engage à ne rien cacher »

Sans doute agacé des hypothèses avancées par certains qui accusent Air France de cacher des informations, le patron de la compagnie aérienne conclue : « Nous communiquerons toute information, même si elle a des effets qui peuvent être négatifs pour notre compagnie. J'en prends l'engagement. Rien n'est caché. Par contre, il y a trop d'agitation et de spéculation, parce que l'impatience est immense. »

La rédaction, avec Lionel Dian