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Société

Les défenseurs du mariage homosexuel misent sur 2012

Associations de défense des droits des homosexuels et opposition de gauche déplorent la décision du Conseil constitutionnel sur le mariage homosexuel et misent sur une alternance politique en 2012 pour le légaliser. /Photo d'archives/REUTERS/Brian Snyder

Associations de défense des droits des homosexuels et opposition de gauche déplorent la décision du Conseil constitutionnel sur le mariage homosexuel et misent sur une alternance politique en 2012 pour le légaliser. /Photo d'archives/REUTERS/Brian Snyder - -

PARIS (Reuters) - Les associations de défense des homosexuels et l'opposition ont dénoncé vendredi la décision "moyenâgeuse" du Conseil...

PARIS (Reuters) - Les associations de défense des homosexuels et l'opposition ont dénoncé vendredi la décision "moyenâgeuse" du Conseil constitutionnel sur le mariage homosexuel, espérant une alternance en 2012 pour le légaliser.

Les "Sages" ont jugé qu'en l'état actuel du droit en France, le mariage de deux personnes de même sexe était illégal mais cet arrêt n'empêche pas le Parlement de voter une loi autorisant le mariage homosexuel, comme en Espagne.

La droite, qui dispose d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale et relative au Sénat, est opposée au mariage homosexuel alors que, sous des formes variant d'un parti à l'autre, la gauche y est favorable et a promis de l'inscrire dans la loi s'il elle gagne la prochaine présidentielle de 2012.

"Les tendances politiques, c'est au coeur du sujet", a déclaré à Reuters Caroline Mecary, avocate de SOS Homophobie, de l'Association des parents gays et lesbiennes et des deux hommes mariés par le député Verts Noël Mamère.

"Aujourd'hui, une partie de la classe politique est opposée à cette évolution démocratique que l'on rencontre dans neuf Etats européens alors qu'en réalité l'opinion publique est favorable au mariage gay", a-t-elle ajouté, déplorant une "occasion historique manquée" par le Conseil constitutionnel.

L'association SOS Homophobie promet dans un communiqué de faire "entendre sa position lors des débats de société qui alimenteront la campagne de 2012".

"Ce mouvement global vers l'égalité des droits est mondial et inéluctable (...) mais plus on attend, plus on laisse l'homophobie gangréner la société française et on continue de considérer les gays et les lesbiennes comme des citoyens de seconde zone", déplore l'association.

"CONTRE-COURANT"

Emmanuel Ludot, avocat des femmes qui ont porté l'affaire devant le Conseil constitutionnel, a abondé dans le même sens.

"Il y aura des répercussions politiques parce qu'on envoie quelque part la patate chaude aux politiques en leur disant 'faites donc votre travail, c'est à vous de faire les lois'", a-t-il déclaré sur i>Télé.

Selon lui, les élus de droite ne doivent pas avoir peur, la France, "même la France profonde", étant selon lui favorable à la légalisation du mariage homosexuel.

"Vous pouvez légiférer et vous ne perdrez pas forcement les élections. Donc allez-y, soyez courageux", a-t-il dit.

Le collectif "Osez le féminisme" dénonce une "décision moyenâgeuse et particulièrement réactionnaire".

L'idée qu'un couple et qu'une famille reposent sur l'union d'un homme et d'une femme "renforce en réalité le stéréotype déjà bien ancré dans les mentalités selon lequel les femmes et les hommes doivent avoir des rôles distincts et complémentaires dans nos sociétés", peut-on lire dans un communiqué.

Aux yeux du député Vert Noël Mamère, qui avait été sanctionné pour avoir marié deux hommes dans sa mairie de Bègles en 2004, "le débat est ouvert" par cette décision des "Sages".

"Il n'y a aucune chance que cette question arrive devant le Parlement durant cette législature mais on ne pourra faire l'économie de ce débat durant la campagne présidentielle et, pour ça, on peut compter sur Europe Ecologie-Les Verts", a-t-il assuré à Reuters.

Le Parti socialiste a rappelé de son côté que toutes les propositions de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe avaient été rejetées par la droite.

"Sur ce sujet encore, le gouvernement montre son incapacité à mettre fin aux discriminations, son incapacité à garantir à toutes et tous des droits égaux, son incapacité à moderniser la société française", jugent les secrétaires nationaux Najat Belkacem et Jean-Patrick Gilles dans un communiqué.

Le PS, soulignent-ils, "s'engage à reconnaître et à protéger l'ensemble des familles et à permettre à tous les citoyens d'accéder aux mêmes droits et aux mêmes responsabilités dès son retour aux responsabilités nationales".

Pour le Parti communiste, le droit au mariage homosexuel "devra être inscrit dans la loi par une majorité parlementaire de gauche" si elle revient au pouvoir en 2012.

Lucien Libert et Laure Bretton, avec Claude Canellas à Bordeaux, édité par Yves Clarisse