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Société

Les consommateurs s'appauvrissent, l'industrie alimentaire s'adapte

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Face à l'appauvrissement des consommateurs européens, les géants de l'agroalimentaire et les distributeurs tirent la sonnette d'alarme et sont contraints d'adapter leurs produits. Dans les rayons des supermarchés, des produits plus basiques et des doses réduites.

La pauvreté progresse en Europe. Ou plutôt « revient », selon les termes du responsable pour l'Europe du géant anglo-néerlandais de l’agroalimentaire Unilever, interrogé lundi par un quotidien économique allemand. Unilever a constaté que les Européens dépensaient beaucoup moins pour faire leurs courses.
Et il n’y a pas qu’en Espagne, en Grèce ou au Portugal que les consommateurs réduisent leurs achats. En France, également. Selon le magazine 60 millions de consommateurs, le pouvoir d’achat des Français a flanché de 1% en un an, une chute inédite depuis la création de l'indice (en 2003). Entre 2011 et 2012, chaque Français a perdu en moyenne 33 euros de pouvoir d'achat. Et pour ne pas être pénalisés par cet appauvrissement généralisé des Européens, les distributeurs et les industriels de l'agroalimentaire adaptent leur stratégie.

« Les Français achètent moins de produits »

Et il y a urgence selon Yves Puget, le directeur de la rédaction de LSA, le magazine de la grande distribution : « Ce qui est inquiétant depuis quelques mois, ce sont les volumes qui régressent. Oui, les Français achètent moins de produits. Si les chiffres d'affaires progressent c'est uniquement à cause de l'inflation. Ça c'est inquiétant, donc tous les distributeurs et tous les industriels ont raison de s'en préoccuper. On va vers un consommateur qui change tous les jours d'avis ou de comportement, donc un consommateur zappeur. Les distributeurs essaient de suivre mais tout va très vite ».

« On va revenir vers des produits plus basiques »

Il commence donc à y avoir du changement dans les rayons des hyper et supermarchés. « On va avoir des produits beaucoup plus simples, détaille sur RMC l’économiste Pascale Hébel, directrice du département consommation au CREDOC. Les modes de conservation vont être aussi beaucoup plus traditionnels, comme les boîtes de conserve. Les boîtes de conserve permettent d'avoir des produits sur le marché beaucoup moins cher. On va revenir vers des produits plus basiques qui correspondent plus à des aliments bruts, des aliments pas aussi préparés et aussi complexes que ceux qui se développaient de plus en plus. Donc il faut réapprendre aux populations à préparer à nouveau leurs produits ».

6 yaourts pour un euro

Des produits moins élaborés, mais aussi des produits moins chers car plus petits. En Espagne, par exemple, où le consommateur ne dépense plus que 17€ à chaque fois qu’il se rend au supermarché, il est désormais possible d’acheter des doses de lessive pour faire 5 machines seulement. Les industriels pensent également à importer en Europe ce qui marche ailleurs, comme ces dosettes de shampoing vendus 3 centimes pièces en Indonésie. Autre exemple à suivre, celui de Danone qui en 2008, a réussi à commercialiser un pack de yaourts à un euro grâce à des pots moins gros.

La Rédaction avec Alexis Morel