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Société

Les conditions de vie des détenus en France se dégradent

Les conditions de détention en France n'ont pas connu d'avancée majeure en France entre 2005 et 2011 et l'augmentation du parc carcéral n'a pas permis d'enrayer le phénomène de surpopulation, selon l'Observatoire international des prisons (OIP). /Photo pr

Les conditions de détention en France n'ont pas connu d'avancée majeure en France entre 2005 et 2011 et l'augmentation du parc carcéral n'a pas permis d'enrayer le phénomène de surpopulation, selon l'Observatoire international des prisons (OIP). /Photo pr - -

PARIS (Reuters) - Les conditions de détention en France n'ont pas connu d'avancée majeure en France entre 2005 et 2011 et l'augmentation du parc...

PARIS (Reuters) - Les conditions de détention en France n'ont pas connu d'avancée majeure en France entre 2005 et 2011 et l'augmentation du parc carcéral n'a pas permis d'enrayer le phénomène de surpopulation, selon l'Observatoire international des prisons (OIP).

Deux ans après le vote de la loi pénitentiaire, l'ONG dresse un sombre tableau des prisons françaises dans son premier rapport publié depuis six ans et rendu public ce mercredi.

Elle estime ainsi que l'objectif de lutte contre la récidive affiché par les pouvoirs publics reste "une utopie" et s'alarme du taux de suicides, qui reste "l'un des plus élevés" d'Europe malgré divers plans de prévention.

Le nombre de détenus ayant mis fin à leurs jours a augmenté de près de 8% sur les dix premiers mois de l'année, indique le rapport, qui sera disponible dans les librairies à partir du 5 janvier.

Alors même que l'institution pénitentiaire "fait l'objet d'une remise en cause permanente sur sa capacité à respecter l'État de droit et les droits de l'homme", le nombre de détenus atteint des niveaux historiques et les plans de construction de nouvelles prisons se succèdent, écrit l'OIP.

Entre 2005 et 2011, le nombre moyen de personnes incarcérées est passé de 58.288 à 60.761, soit un accroissement de 4%. Pendant cette période, le nombre de places comptabilisées par l'administration est passé au 1er janvier de 50.094 à 56.358.

Dans ce contexte de surpopulation, les conditions de détention restent indignes dans de nombreux établissements, déplore le rapport.

La nouveauté réside dans la succession de condamnations de l'État par les juridictions administratives pour avoir imposé des conditions de détention "n'assurant pas le respect de la dignité inhérente à la personne humaine".

Les motifs de condamnation concernent la surface des cellules (10 à 12 m2 partagées par trois détenus, Rouen, 2008), des dispositifs d'aération obstrués ou défectueux (Nanterre, 2011) ou encore l'absence de cloisonnement des toilettes dans des cellules partagées à plusieurs (Bois d'Arcy, 2011).

Le rapport souligne également que "plus d'un quart des détenus sont illettrés ou éprouvent des difficultés à lire", que "près d'un tiers des entrants en prison sont toxicomanes" et que "plus de 20% souffrent de troubles psychotiques".

L'OIP pointe le manque d'activités en prison, "moins d'une personne sur 11" bénéficiant selon elle d'une formation professionnelle et "moins d'un quart des détenus" exerçant un emploi.

Elle s'en prend également à la volonté affichée par la droite d'aggraver les sanctions en cas de récidive, qui s'est traduite par l'adoption de 18 nouvelles lois pénales entre août 2005 et novembre 2010.

Selon elle, la systématisation des sanctions, en particulier les peines minimales pour les petits délits, s'avère contre-productive en matière de prévention, comme le montrent plusieurs études internationales.

Gérard Bon, édité par Yves Clarisse