BFMTV
Société

Les chantiers de Saint-Nazaire sortent la tête de l'eau

Après avoir connu la pire crise industrielle de leur histoire, les chantiers navals STX de Saint-Nazaire veulent faire feu de tout bois pour assurer leur pérennité. /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé

Après avoir connu la pire crise industrielle de leur histoire, les chantiers navals STX de Saint-Nazaire veulent faire feu de tout bois pour assurer leur pérennité. /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé - -

par Guillaume Frouin SAINT-NAZAIRE, Loire-Atlantique (Reuters) - Après avoir connu la pire crise industrielle de leur histoire, les chantiers navals...

par Guillaume Frouin

SAINT-NAZAIRE, Loire-Atlantique (Reuters) - Après avoir connu la pire crise industrielle de leur histoire, les chantiers navals STX de Saint-Nazaire veulent faire feu de tout bois pour assurer leur pérennité.

L'entreprise, filiale du groupe sud-coréen STX, a perdu 235 de ses 2.300 salariés dans un plan de départs volontaires clos le mois dernier et son carnet de commandes était vide il y a un an.

Elle se trouve aujourd'hui dans une situation paradoxale puisqu'elle a dû avoir recours à l'intérim pour assurer le lancement de deux paquebots commandés au printemps par l'armateur italo-suisse MSC et la compagnie d'Etat libyenne GNMTC.

"Nous avons une montée en charge rapide car nous n'avions pas prévu d'avoir deux paquebots si rapprochés", a expliqué jeudi Jacques Hardelay, le directeur des chantiers nazairiens, lors du début de l'assemblage de la coque du paquebot MSC Divina (ex-Fantastica).

La commande du navire, qui sera livré en mai 2012 à Marseille (Bouches-du-Rhône), a pu être conclue grâce à la garantie bancaire de l'Etat français.

Ce dernier était entré en novembre 2008 à hauteur de 33,4% dans le capital de STX France, nouveau propriétaire des anciens Chantiers de l'Atlantique, pour maintenir l'activité dans l'Hexagone.

"Le Divina porte particulièrement bien son nom car sa commande est arrivée à un moment crucial de notre histoire", dit Jacques Hardelay. "Nous avions besoin de cette confiance, dans la mer particulièrement agitée que nous avons traversée."

"PRUDEMMENT OPTIMISTE"

Les chantiers navals de Saint-Nazaire vont par ailleurs répondre ce vendredi à l'appel d'offres lancé par la Russie pour la construction de porte-hélicoptères de classe Mistral (BPC), dont la Marine française avait anticipé la commande d'un premier exemplaire dans le cadre du plan de relance économique gouvernemental.

"Je suis prudemment optimiste car nous sommes parfaitement en ligne avec les besoins de l'armée russe", confie Jacques Hardelay. "Mais on ne maîtrise pas le calendrier des Russes. Ils disent qu'ils ont des échéances à la fin de l'année mais cela ne veut pas dire que le dossier sera réglé à la fin de l'année."

Le contrat est en cours de négociation "mais la décision de le faire est certaine", avait déclaré le 23 juillet Nicolas Sarkozy, lors d'une visite sur place.

L'interventionnisme de l'Elysée dans la commande du paquebot MSC est d'ailleurs unanimement salué par les syndicats, même si certains aimeraient le voir pousser plus loin.

"PAS SORTIS DE L'AUBERGE"

"Le dossier est porté quasi personnellement par le président de la République", estime ainsi Jérôme Dholland, délégué syndical CFDT. "Même s'il y a des terrains sur lesquels la CFDT s'oppose à Nicolas Sarkozy, il faut reconnaître qu'il a eu un rôle prépondérant dans la survie de notre entreprise. Ce serait injuste de dire le contraire."

Jean-Marc Pérez, secrétaire de la section Force ouvrière des ex-chantiers de l'Atlantique, estime pour sa part qu'il ne s'agit que d'un premier pas.

"Ces commandes de paquebots ont été une bouffée d'oxygène en termes d'activité mais nous ne sommes pas sortis de l'auberge pour autant", dit-il.

"Il faudrait une commande de prototype pour nos bureaux d'étude, où il y a encore du chômage partiel", s'inquiète le syndicaliste, qui milite pour une nationalisation totale des chantiers navals de Saint-Nazaire.

"La construction du second porte-avions français, reportée par Nicolas Sarkozy, leur aurait été pourtant bien utile", dit-il.

La direction, de son côté, fait état de "discussions très avancées" sur la conception d'un prototype, sans vouloir en dire davantage.

Edité par Patrick Vignal