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Société

Les "Black Blocs", une mouvance imprévisible

Un manifestant supposé appartenir aux "Black" Blocs", lors d'affrontements en marge d'une manifestation contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à Nantes, en février.

Un manifestant supposé appartenir aux "Black" Blocs", lors d'affrontements en marge d'une manifestation contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à Nantes, en février. - AFP

Ils sont intégralement vêtus de noir, et se distinguent par la violence qu’ils emploient lors des manifestations. Qui sont ces casseurs, et d’où viennent-ils?

Ils ont de nouveau été pointés du doigt, mardi soir, par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Eux, ce sont les "Black Blocs", traduisez les "blocs noirs". Des casseurs, qui se greffent de manière plus ou moins autonome à d’autres mouvements, et qui sèment la pagaille. Comme à Nantes cette semaine, en marge d’un rassemblement organisé en mémoire de Rémi Fraisse, ce jeune opposant mort ce week-end sur le site du barrage de Sivens.

Un groupe, ou un phénomène? Les deux

A vrai dire, deux choses intimement liées se cachent derrière le terme de "Black Bloc" (BB): il s’agit à la fois d’une manière de désigner un groupe de manifestants violents, et une technique pour, justement, manifester.

"En France, on identifie les manifestations par rapport à des groupes syndicaux ou des associations", expliquait en février la sociologue Virginie Grandhomme, alors interviewée par Télénantes quelques jours après les affrontements qui avaient éclaté en marge des manifestations contre l’aéroport Notre-Dame des Landes.

"Le point de vue anglo-saxon est légèrement différent, on identifie souvent des manifestants par rapport à leurs fonctions. Les Black blocs relèvent de ce système d’appellation. Les "BB" sont là avec une fonction précise qui est de défendre un cortège, ou d’aller un affrontement pour essayer de faire de la place. Ils n’ont pas de leader, pas d’organisation ni d’assise idéologique précise", précisait cette spécialiste des mouvements sociaux à l’Université de Nantes.

Qui sont-ils, donc?

Si l’origine des Black Blocs (BB) remonte clairement au début des années 80 en Allemagne, ils ne sont aujourd’hui pas un groupe clairement identifié: entre et sort de cette mouvance qui veut. En 2009, alors que violent heurts avaient secoué le sommet de l’Otan à Strasbourg, Libération écrivait "qu’on n’est pas BB, on participe à des BB".

"Des militants classiques peuvent un jour décider d’intégrer un black bloc pour un événement précis, puis en ressortir ensuite pour faire autre chose", précisait encore Virginie Grandhomme.

Il existe toutefois un noyau dur, comme l’expliquait alors une source des Services secrets français, interrogée par Le Figaro:

"Le gros de ces troupes, composé de nihilistes gravitant pour la plupart dans la mouvance autonome parisienne, est complété par des activistes issus de sections grenobloises ou toulousaines menant croisade contre les nanotechnologies, des militants situationnistes ou encore des radicaux venant de Rouen, un des berceaux des contestataires du mouvement Sud."

Entre 450 et 500 en France

Estimés entre 450 et 500 dans l’Hexagone, ce sont des individus "très déterminés". Essentiellement des "étudiants et des squatteurs", avait expliqué Rémi Pipereaud, auteur d’un mémoire sur le sujet, alors interrogé par l'AFP.

Quelle est leur revendication? Ils n’en ont pas, et sont fédérés autour d’un seul principe: le refus de représentation. C’est d’ailleurs ce qu’il fait qu’ils sont si durs à infiltrer. Ils partagent par ailleurs une haine viscérale des représentants de l’ordre, comme l’a déploré à plusieurs reprises Pierre-Henri Brandet, porte-parole du ministère de l’Intérieur. 

Quel fonctionnement?

Quel fonctionnement? Avec comme mot d’ordre la discrétion, les Black blocs font de leur anonymat une force. Leurs actions sont presque imprévisibles, et spontanées. Elles s’organisent via internet et les réseaux sociaux, souvent avec une grande précaution."Les plus méfiants communiquent même entre eux de façon cryptée, aidés par des informaticiens qui leur garantissent sur la Toile des adresses IP fantôme", affirme un professionnel de la Direction général de la sécurité intérieure (DGSI), dans les colonnes du Figaro daté de ce mercredi.

La technique de disparition

Répondant à une logique qui leur est propre, les BB ont un code de conduite précis. "Emmène un foulard et cache toi le visage", "note le numéro de ton avocat sur le bras", "prends un téléphone sans contact". Leur action repose en grande partie sur "la technique de disparition", drapés de noir lors des manifestations, ils embarquent presque tous sur eux de quoi se changer rapidement, pour se fondre dans la foule une fois leur action terminée. 

https://twitter.com/jmaccaud Jérémy Maccaud Chef d'édition BFMTV