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Société

« Les accros au sexe ne sont pas des pervers »

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En France, l'addiction au sexe est encore taboue. Pourtant, elle représente une vraie souffrance pour les malades, comme l’explique Jean-Benoît Dumonteix, psychanalyste spécialisé dans l'addiction sexuelle. Il répondait aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

Ce jeudi matin, le psychanalyste Jean-Benoît Dumonteix, auteur de Les Sex addicts. Quand le sexe devient une drogue dure (Hors Collection), a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

JJB : Est-ce vrai que 10% des Français sont accros au sexe ?

J-B Dumonteix : Non ! Mais 10% des Français sont susceptibles de développer une dépendance au sexe. En revanche, on estime que 5% des Français ont une dépendance au sexe : cela peut être une dépendance virtuelle (Internet, pornographie, sites de rencontres) ou une dépendance réelle, physique (bars spécialisés, prostituées, etc).

La dépendance au sexe a été longtemps taboue…

Elle l’est toujours. C’est toujours difficile de faire comprendre aux gens que la dépendance au sexe, ce n’est pas drôle. On est dans une vraie souffrance, une vraie addiction. Ce sont des gens qui, comme pour la cocaïne et l’alcool, vont avoir des signes physiques du manque, et sont dans une réelle souffrance parce qu’ils ont honte et ne peuvent pas en parler.

Comment ça se traduit dans le quotidien ?

Dans le quotidien, ça se traduit par le fait que tout tourne autour du sexe. C’est la priorité : le travail devient secondaire, les autres aussi. La personne s’isole dans ses démarches sexuelles, ses pensées sexuelles… On organise sa journée autour de cette addiction.

Ces gens ont perdu la maîtrise de leur sexualité ?

On ne maitrise plus sa sexualité, et on répète un comportement qui nous échappe, dont on a besoin, et qui pourtant nous fait souffrir.

Vous recevez de plus en plus de patients. Que vous disent-ils ?

Ils me disent que c’est super d’avoir un endroit où ils peuvent parler. Ils se sentent extrêmement isolés. Aujourd’hui, on les confond avec des pervers, mais cela n’a absolument rien à voir.

L’addiction au sexe, ça se soigne ?

Oui. Mais ce que je dis à mes patients, c’est qu’il n’est pas question d’arrêter d’avoir une sexualité. L’idée c’est d’arriver à poser son curseur sur sa santé sexuelle à l’endroit où ça ne fait pas mal, où l’on a une sexualité assumée, qu’on trouve saine. La guérison se fait en deux temps : la première phase est d’abord comportementale, pour calmer le comportement, le mettre sous contrôle. La deuxième phase est plus psychanalytique. On va chercher les racines du mal parce que dès qu’il va y avoir une situation de stress, il est très probable que le comportement revienne si on n’a pas compris d’où ça venait.