Le vrai Red Bull autorisé dès aujourd’hui en France

La boisson excitante débarque aujourd’hui dans sa « vraie » version contenant de la taurine. Quels effets et quels risques ?

Depuis ce matin, dans les rayons de supermarché, on peut acheter du « vrai » Red Bull, c'est-à-dire avec de la taurine, un excitant à la base de son interdiction en France jusqu'à présent. C'est Christine Lagarde, ministre de l'Economie, qui a autorisé sa commercialisation il y a deux mois. La boisson jaune et gazeuze est déjà vendue dans 25 des 27 pays de l'Union Européenne. En France, elle avait été interdite en 1996, après un avis défavorable du Conseil supérieur d'hygiène publique de France (CSHPF). Seul du « faux » Red Bull, sans taurine, était autorisé à la vente depuis le 2 avril dernier pour convenir au marché français.

Le Red Bull était interdit depuis 14 ans car, selon l'Agence de sécurité sanitaire, la taurine est un produit toxique dont les effets restent encore inconnus à long terme. Or, le vrai Red Bull est vendu dans 25 des 27 pays européens et aucune étude n'a réussi à prouver les dangers de ce produit. C'est pourquoi la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a finalement autorisé il y a 2 mois sa commercialisation. Bercy enterre par là la plainte déposée par l'inventeur du Red Bull, qui réclamait 300 millions d'euros d'indemnités.

« Les mêmes effets que le café »

Pour Jean-Michel Cohen, nutritionniste et auteur du best seller « Savoir manger : le guide des aliments », il est « tout à fait judicieux de l'avoir autorisé, ne serait-ce que parce que nous étions les derniers de la classe à le faire et en plus parce que je trouve ça insignifiant comme produit. Quand vous prenez ça en milieu ou en fin de nuit, c'est sûr que vous êtes un peu plus excité, comme avec un bon café bien sucré, et si vous en buvez beaucoup vous aurez les mêmes incidences. Je trouve ce produit assez anecdotique, mais par contre on lui a fait une royale publicité et vous verrez que la consommation de ces produits dans les mois et les années à venir va se développer à toute allure, comme ça a été le cas dans les autres pays. »

Concernant la taurine, Jean-Michel Cohen est loin de la juger dangereuse : « On a assez de recul maintenant pour dire qu'à moins de tomber sur un cinglé qui en boit 15 litres par jour, on ne va pas avoir d'incidents. Les effets sur le corps humain sont les mêmes que ceux que l'on observe avec toutes les substances excitantes : on est un peu nerveux, un peu irritable et à forte dose comme le café ça peut donner des insomnies et des maux de tête. On a simplement remarqué que, à très haute dose, la taurine pouvait provoquer des hémorragies cérébrales, mais il faut de telles doses qu'il semble impossible pour un homme d'absorber ce genre de substances, en tout cas dans un produit comme le Red Bull. »

« Dangereux lorsqu'il est mélangé à l'alcool »

A l'inverse, pour Patrice Huerre, psychiatre des hôpitaux et spécialiste des adolescents, « il n'y a pas de cohérence entre les avis sanitaires et cette mise sur le marché. Lorsqu'il est mélangé à l'alcool, le Reb Bull atténue la sensation d'alcoolisation, c'est là qu'il devient dangereux. Comment imaginer que les jeunes vont suivre les préconisations inscrites sur le Red Bull ? S'il est consommé avec excès, on observe de l'excitation, de l'agressivité, on est moins attentif à la fatigue et à l'alcoolisation. »

Si les avis sont contradictoires, reste que le Red Bull ne semble dangereux qu'à très haute dose ou lorsqu'il cache les effets de l'alcool. Du côté des consommateurs, Dove, étudiant de 20 ans, explique qu'il consomme régulièrement du Red bull avec taurine lorsqu'il part en vacances à Barcelone : « En boîte, avec une petite vodka, c'est ce qu'il y a de mieux. C'est sucré, énergisant, meilleur que le Coca. Ça donne la pêche, je tiens beaucoup plus longtemps ! »

La rédaction et Gaële Joly-Bourdin & Co