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Société

Le vin bio, nouvel eldorado de la viticulture française

Alors que la viticulture française se soumet à un programme d'arrachage massif des pieds de vigne de qualité médiocre pour éviter la surproduction, les surfaces "bio" ont augmenté de 20% en 2007, de 25% en 2008 et de 52% en 2009 en France. /Photo d'archiv

Alors que la viticulture française se soumet à un programme d'arrachage massif des pieds de vigne de qualité médiocre pour éviter la surproduction, les surfaces "bio" ont augmenté de 20% en 2007, de 25% en 2008 et de 52% en 2009 en France. /Photo d'archiv - -

par Nicolas Fichot BEAUMONT-SUR-LÈZE, Haute-Garonne (Reuters) - Christian Gerber arpente ses 32 hectares de vignes situées dans le sud de la...

par Nicolas Fichot

BEAUMONT-SUR-LÈZE, Haute-Garonne (Reuters) - Christian Gerber arpente ses 32 hectares de vignes situées dans le sud de la Haute-Garonne avec la certitude d'avoir fait le bon choix: la conversion à l'agriculture biologique est pour lui l'avenir du vigneron français avec les vins de haute qualité.

"Au-delà de la démarche environnementale et de l'attitude bio, les clients, français ou étrangers, recherchent autre chose quand ils achètent du vin. Quitte à y mettre le prix", explique Christian Gerber, dont 95% des vignes sont exploitées en mode biologique sur son domaine Ribonnet depuis l'année 2001.

A l'époque, cette pratique était balbutiante. Aujourd'hui, elle est en pleine explosion et la production annuelle d'environ 110.000 litres de ce vigneron illustre une réalité au niveau national, voire international.

Alors que la viticulture française se soumet à un programme d'arrachage massif des pieds de vigne de qualité médiocre pour éviter la surproduction, les surfaces "bio" ont augmenté de 20% en 2007, de 25% en 2008 et de 52% en 2009 en France.

En 2009, 7% des vignes français étaient "bio", soit 60.000 hectares, et 2.500 viticulteurs y étaient convertis selon la Fédération nationale interprofessionnelle des vins de l'agriculture biologique (Fnivab).

Pour l'année 2008, dernière référence officielle, la vente des vins de ce type a représenté un marché de 254 millions d'euros, en progression de 34% sur trois ans, tournée à 70% vers l'exportation tandis que le vin traditionnel français peine à se trouver de nouveaux marchés.

SURCOÛT D'EXPLOITATION

"Produire du vin à base de raisins bio, cela signifie un surcoût d'exploitation d'environ 20% et une baisse de rendement d'environ 30% pour des prix de vente à peine supérieurs à 20%", souligne Christian Gerber. "Mais ces ratios peuvent diminuer avec le temps, tandis que le plaisir de produire 'vrai', lui, va demeurer avec le temps."

Témoin du succès de cette filière, le 18e salon mondial "Millésime bio", qui ferme ses portes ce mercredi à Montpellier (Hérault), enregistre, cette année encore, une croissance de fréquentation supérieure à deux chiffres.

Réservé aux professionnels depuis 18 ans, ce salon est devenu un 'must' international sur le marché du vin bio où l'Europe se taille la part du lion.

Dans l'Union européenne, trois pays rivalisent sur ce marché selon l'Association interprofessionnelle nationale des vins biologiques (AINVB): l'Italie produit 40,4% des vignes "bio" en Europe devant la France (34,8%) et l'Espagne (18,9%),

Emmanuel Cazes, vigneron dans le Languedoc et coorganisateur du salon Millésime bio, est confiant.

"L'arrachage des vignes est une réalité malheureuse, mais la venue du bio est notre chance", dit-il. "Dans le vin, peut-être plus qu'ailleurs, les gens ont envie de raisonnable."

"Ce phénomène se ressent surtout à l'étranger, ajoute-t-il. "Les vins bios s'exportent à plus de 70%. Pour les acheteurs, ce sont des vins qui ont une histoire, un terroir."

Mais le phénomène n'est pas qu'étranger. En France aussi, le vin bio a trouvé ses marques et les plus grands chefs étoilés le proposent désormais aux gastronomes dans leurs restaurants.

"A Paris, vous en trouvez maintenant sur la carte de Senderens, de la Tour d'Argent, et même de Robuchon", se réjouit Emmanuel Cazes.

Edité par Yves Clarisse