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Société

Le tueur de Nice, "obsédé sexuel" et père très instable

Un mémorial sur la Promenade des Anglais, à Nice, à la mémoire des victimes de l'attentat du 14 Juillet.

Un mémorial sur la Promenade des Anglais, à Nice, à la mémoire des victimes de l'attentat du 14 Juillet. - Valery Hache - AFP

La presse a pu avoir accès au dossier de l'enquête portant sur le parcours de Mohamed Lahouaiej Bouhlel, l'assassin du 14 juillet à Nice. Sa relation à la religion paraît complexe mais son obsession sexuelle et ses tendances violentes sont très claires.

La trajectoire de Mohamed Lahouaiej Bouhlel et les motivations l’ayant poussé à foncer sur une promenade des Anglais bondée au soir du 14 juillet dernier sont longtemps restées obscures. Mais immédiatement après le drame qui l’avait vu tuer 86 personnes et perdre la vie lui-même, abattu par les forces de l’ordre, la police a enquêté sur son environnement et a entendu beaucoup de ses proches afin d'y voir plus clair. Libération y consacre ce samedi un long résumé du dossier.

Une radicalisation très récente

Tout d’abord, l’engagement islamiste de Mohamed Lahouaiej Bouhlel étonne toujours par sa rapidité et sa légèreté. Les enquêteurs ont certes trouvé des vidéos ou des photos de Ben Laden, du djihadiste algérien Mokhtar Belmokthar, de décapitations à son domicile mais aucune lettre d’allégeance à Daesh. Ici, la fascination pour la violence apparaît comme le maître-mot plutôt que la religion.

Hamdi Zagar, un proche, a simplement confié aux enquêteurs que depuis la fin du mois de juin, Mohamed Lahouaiej Bouhlel s’était mis à écouter des récitations coraniques en conduisant sa voiture et à estimer qu’écouter de la musique était un "pêché".

Violence, obsession et narcissisme

En tout cas, l’idée de son crime remonte à loin. La police a ainsi mis la main sur des photos de la promenade des Anglais prises par le futur djihadiste le 14 juillet 2015. Le 2 juillet 2016, il tape sur un moteur de recherche les mots "Horrible accident mortel". Dans les jours qui précèdent son passage à l’acte, il loue un poids-lourd et fait des repérages sur les lieux de son équipée mortelle à venir. Enfin, le 14 juillet 2016, il se prend en photos au même endroit durant la journée.

Car il ressort du dossier que chez lui l’attrait pour la violence se doublait d’un extraordinaire narcissisme. Habitué des salles de sport et des cours de salsa, il drague lourdement les femmes qu’il harcèle parfois via différents comptes créés sur les réseaux sociaux. Après consultation de son historique de navigation, les policiers notent aussi son "obsession pour le sexe et la pornographie". Mais Lahouaiej Bouhlel n’est pas qu’un séducteur un peu lourdaud, il se montre aussi violent avec son épouse, Hajer, qui lui a donné trois enfants. Une procédure de divorce est même lancée en 2014.

Une amie de celle-ci assure d'ailleurs avoir été témoin de scènes très dérangeantes:

"Il a fait des choses inhumaines comme faire caca sur le lit des enfants, jeter du vin sur la figure de sa femme. Il prenait la poupée de sa petite fille et devant la petite, il attrapait un couteau, le plantait dans la poupée pour faire mine de la tuer."

La mère de ses enfants inquiète pour lui le soir du 14 juillet

Cette instabilité psychologique accouche ainsi d’un profil insaisissable que Le Parisien. Ainsi, malgré ses nombreuses conquêtes (tant parmi la gent féminine que masculine), Mohamed Lahouaiej Bouhlel n’a que très peu de relations.

Il n’y a pas que la presse ou la police pour être déroutées par cet étrange criminel. Hajer, son ex-femme qu’il a pourtant bafouée et battue, n’a rien vu venir de la part de cet homme qu’elle n’a jamais connu pratiquant. Dans le courant de la soirée du 14 juillet, lorsqu’elle apprend qu’un carnage a eu lieu sur la promenade des Anglais, elle lui envoie même des sms, inquiète du sort du père de ses enfants:

"Je lui ai envoyé un ou deux sms car je sais qu’il aimait les feux d’artifice et je voulais avoir de ses nouvelles quand j’ai su que le poids lourd avait fait plein de victimes." 

C’est peu après ces messages qu’on lui apprendra l’identité de l’individu derrière le volant du camion.

Robin Verner