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Le salon musulman du Val d’Oise, qui met "la femme à l'honneur", fait polémique

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- - Capture d'écran salon-musulman-valdoise.com

Une pétition en ligne demandait l’annulation de la tenue de ce salon, qui se tient samedi et dimanche à Pontoise. En cause: sous couvert de mettre “la femme à l’honneur” avec des ateliers cuisine et des espaces shopping, il donne la parole à des prédicateurs intégristes.

"Mettre à l’honneur la Femme Musulmane"”. Telle est la promesse du Salon musulman du Val d’Oise dont la troisième édition se déroule ce samedi 12 et dimanche 13 septembre au parc des expositions de Pontoise. Au programme de ce "salon au féminin": des ateliers et animations "réservés aux femmes". Entendez là cuisine, défilé de mode et shopping notamment. Le tout "dans une athmosphère conviviale", assurent les organisateurs.

Mais derrière les "cooking shows" de Choumicha - une animatrice d’émissions culinaires, non voilée, véritable star au Maroc - censés attirer les dames, d’aucuns dénoncent un cycle de conférences donnant la parole à des prédicateurs intégristes. Une pétition en ligne a d’ailleurs été lancée il y a quelques jours sur le site Change.org appelant au boycott de l’évènement.

"Viol conjugal et soumission de la femme"

"Sous couvert d'un nom évocateur d'une célébration du rôle de la femme au sein de la communauté musulmane, ce salon compte parmi ses invités des prédicateurs fondamentalistes tels que Nader Abou Anas, connu pour avoir légitimé le viol conjugal et plus largement la soumission de la femme", explique ce texte adressé à la ville de Pontoise.

Car parmi les "orateurs de renom" vantés sur la plaquette figurent plusieurs personnalités sulfureuses. Dont Nader Abou Anas, un prédicateur enseignant le Coran et l’arabe, invité à parler de "la valorisation de la femme en Islam". Une vidéo mise en ligne sur Youtube donne une petite idée de ses positions sur le sujet: "La femme, elle ne sort de chez elle que par la permission de son mari", explique-t-il.

"Son mari, le soir, il a un besoin, il a une envie, elle lui dit non, en disant, 'je suis fatiguée, je ne peux pas, je suis ci, je suis cela' l’homme il craque. Qu’elle sache que les anges la maudissent toute la nuit dans le cas où elle se refuse à son mari sans raison valable."

"Gigantesque supermarché du sexisme"

Ou encore Rachid Abou Houdeyfa, imam de la mosquée de Brest. "Rachid Abou Houdeyfa (...) proche du Collectif contre l'islamophobie en France, enjoint sur les réseaux sociaux les femmes musulmanes à porter le voile "islamique" sous peine d'encourir les feux de l'Enfer dans l'au-delà, et des agressions sexuelles en ce bas-monde: 'Si la femme sort sans honneur, qu'elle ne s'étonne pas que les hommes abusent de cette femme-là'", souligne Isabelle Kersimon, journaliste spécialiste de l’islamisme, sur le Huffington Post. "Cette édition du Salon musulman du Val d'Oise devrait donc, selon toute logique, être rebaptisée 'Salon fondamentaliste du Val d'Oise'", fustige-t-elle.

La militante féministe Caroline Fourest a elle aussi dénoncé sur Twitter "racisme et misogynie" du salon. "On utilise l'image d'une cuisinière souriante pour attirer les publics vers des marchands de voile… Ou comment fantasmer la bonne ménagère musulmane, voire la bonne indigène. C'est vraiment de l'indigénat appliqué aux femmes. Ce n'est pas un salon dédié à "la femme" mais un gigantesque supermarché du sexisme. Et c'est navrant de voir que cette marchandise périmée fait encore recette", dénonce la journaliste, citée par Le Figaro

Malgré les quelque 4.200 signatures recueillies par la pétition, les responsables d’Isla Event, qui organise l’évènement, ont choisi de faire fi de la polémique. "Répondre à la polémique, c’est donner de l’importance à des personnes qui veulent s’en donner. Au contraire, on les invite à venir, pour qu’ils voient vraiment ce que l’on fait", lancent-t-ils, cités par Le Parisien.

Mais selon le quotidien, l’association L’observatoire de la laïcité du Val-d’Oise appelle à un rassemblement devant le salon dimanche à 15 heures. "Nous ne sommes pas contre l’événement mais contre sa programmation", explique son trésorier Gilles Delapierre.

V.R.