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Le rebond de la croissance au 3e trimestre ne rassure pas

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par Matthias Blamont PARIS (Reuters) - La publication, mardi, d'une croissance légèrement supérieure aux attentes au troisième trimestre en France...

par Matthias Blamont

PARIS (Reuters) - La publication, mardi, d'une croissance légèrement supérieure aux attentes au troisième trimestre en France n'a pas permis d'apaiser les inquiétudes croissantes des marchés sur la capacité de la deuxième économie de la zone euro à résister à la propagation de la crise de la dette.

Loin d'amorcer une détente, l'écart de rendement entre les taux à 10 ans de la France et de l'Allemagne (le "spread") a encore augmenté dans la matinée pour approcher les 190 points de base, nouveau record depuis la création de l'euro.

L'économie française a rebondi de 0,4% entre juillet et septembre, soutenue une fois de plus par la consommation des ménages, mais pourrait retomber à zéro en fin d'année et entrer en récession début 2012, conséquence logique des mauvais indicateurs qui se succèdent depuis plusieurs semaines.

Le chiffre de mardi dépasse les attentes des 31 économistes interrogés par Reuters qui tablaient sur une accélération du produit intérieur brut de 0,3%. L'Insee a toutefois ajusté de 0,0 à -0,1% l'évolution du PIB au deuxième trimestre.

Les places boursières ont débuté la séance en baisse. Vers 12h35, l'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 cédait 1,3%.

"Avec les tensions sur les rendements des emprunts des Etats, les marchés continuent de rendre une partie de leurs gains récents. Les investisseurs, nerveux, ne sont que trop conscients du risque de contagion", explique Terry Pratt, trader auprès d'IG Markets.

L'incapacité supposée de Paris à réagir plus rapidement est considérée comme une grave source d'inquiétude d'après une étude du Conseil de Lisbonne publiée lundi.

Le document souligne les craintes de voir les réformes dont la France aurait besoin ne pas être mises en place avant l'élection présidentielle de mai prochain.

"La France doit limiter les dépenses de l'Etat, améliorer les perspectives en matière d'éducation, notamment pour sa population d'origine immigrée et mieux utiliser sa force de travail très qualifiée," peut-on lire dans ce document.

SATISFECIT

Le gouvernement s'est empressé de reprendre à son compte la publication de l'Insee. "Cela montre que les prévisions qu'on a pu faire sont vérifiées", a déclaré le ministre du Travail Xavier Bertrand sur Canal+.

De fait, l'acquis de croissance pour 2011, c'est-à-dire la performance qu'afficherait le PIB français sur l'ensemble de l'année dans l'hypothèse d'une croissance nulle au quatrième trimestre, ressort à 1,7% alors que le gouvernement pronostique 1,75%.

Le troisième trimestre pourrait néanmoins signer le dernier terme de croissance du millésime 2011. L'Insee et la Banque de France prévoient un PIB stable au quatrième trimestre et les derniers indicateurs pointent vers une nette décélération de l'économie.

L'OCDE a fait état lundi d'indicateurs avancés en baisse pour le sixième mois consécutif en septembre au sein des pays du G7 et une enquête de l'association française des trésoriers d'entreprise et de Coe-Rexecode montre que les conditions de financement des sociétés de l'Hexagone restent difficiles.

"On pourrait qualifier (le chiffre de croissance) de répit pendant la tempête", fait valoir Marc Touati, économiste chez Assya Compagnie Financière. "L'emploi fait zéro, c'est le plus dangereux."

CERCLE VICIEUX

Dans un communiqué séparé, l'Insee a en effet annoncé que les secteurs marchands non agricoles n'avaient créé "que" 7.400 postes entre juillet et septembre, ce qui revient à une contribution nulle.

Si la consommation des ménages a appuyé la performance du PIB au troisième trimestre, les dépenses des entreprises se sont contractées, de 0,3%, un signal jugé inquiétant par les professionnels.

Le Premier ministre François Fillon a dévoilé le 7 novembre un nouveau plan d'économies afin de faire respecter les objectifs de Paris en matière de déficit public et de conserver la précieuse note AAA dont bénéficie encore la France auprès des agences de notation.

Ce plan est calé sur la base d'une croissance estimée à 1% pour 2012 contre 1,75% précédemment, une prévision jugée toujours trop ambitieuse par certains économistes.

"Pour la France, comme pour les autres pays européens dont les finances publiques sont sous les projecteurs, le risque est de ne pas tenir les objectifs de croissance et donc de devoir passer des mesures budgétaires additionnelles qui dégraderaient encore plus la croissance, rentrant ainsi dans un cercle vicieux", prévient CM-CIC Securities dans une note.

En Allemagne, la croissance du troisième trimestre s'est inscrite à 0,5%, conformément aux attentes et également tirée par la consommation des ménages, devenue le dernier rempart.

Avec Nicholas Vinocur et Daniel Flynn, édité par Patrick Vignal