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Société

Le premier Français libéré, témoigne

Le 31 mai 2010, un commando israélien prend d'assaut un bateau humanitaire en route pour Gaza

Le 31 mai 2010, un commando israélien prend d'assaut un bateau humanitaire en route pour Gaza - -

« Il n’y avait aucune arme sur les bateaux », assure Youssef Benderbal, le premier Français, ayant participé à la flottille pour Gaza, à avoir été expulsé par les autorités israéliennes. En direct ce matin sur RMC, il raconte.

Israël vient d’expulser 250 humanitaires de la flottille qui tentait de rejoindre Gaza, et 9 Français seraient encore détenus. Youssef Benderbal, chargé de communication du Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens [ndlr, le CBSP organise des missions tous les six mois vers Gaza et compte quelque 70.000 donateurs en France], est le premier Français à être rentré hier mardi matin. Au micro de Jean-Jacques Bourdin ce mercredi, il témoigne : « Il n'y avait aucune arme [sur les bateaux] qui puisse compromettre la vie des soldats israéliens. »

Israël a en effet accusé les militants d'avoir « déclenché les violences » en attaquant les soldats avec couteaux et barres de fer. Youssef Benderbal souligne que si des passagers du bateau ont pu brandir des couteaux, cela s'expliquait par la panique et la brutalité de l'intervention des commandos israéliens. Selon l'armée israélienne, 9 passagers ont été tués et 7 soldats blessés à bord du ferry turc Mavi Marmara, le plus grand des six bateaux qui transportait 600 personnes.

« Nos consignes : protéger le bateau, avec nos corps »

« Sur le bateau où j'étais, raconte Youssef Benderbal [ndlr, un des cinq autres navires du convoi arraisonné par la marine israélienne, et non le navire turc où a eu lieu l'assaut], les consignes étaient très claires – il y a même eu des simulations au cas où des soldats israéliens montaient à bord : protéger la cabine du capitaine avec nos corps et rien d'autre – comme le font les militants de Greenpeace lorsque par exemple ils s’opposent à des convois nucléaires –, protéger tout ce qui est accès à la salle des machines, toujours avec nos corps, et aller à la rencontre des soldats israéliens qui monteraient sur les navires dans un but d'apaisement. »

« Je suis allé à leur rencontre, les bras levés, en paix »

« Il était 4h30, poursuit-il, je monte sur le pont après avoir dormi. Un ami, qui avait l’air choqué, me désigne du doigt le bateau turc. Je vois un hélicoptère débarquer des soldats et des vedettes se diriger vers le bâtiment. Tout de suite après, je tourne la tête sur mon bateau, je vois des soldats israéliens monter à bord. Je décide d'appliquer la troisième consigne. Je vais à sa rencontre, les bras levés, en disant "nous sommes pacifistes". »

« Nous n'avons aucun lien avec le Hamas »

Interrogé par ailleurs sur les liens du CBSP avec le Hamas, Youssef Benderbal affirme : « Notre association a beaucoup de détracteurs, c'est sûr, parce qu’on déplaît à tous ceux qui veulent que la situation sur le terrain, empire. Mais nous sommes un vecteur de paix, et nous n'avons pas de lien avec le Hamas ou le Fatah. Nous travaillons depuis 20 ans pour la population palestinienne. Qu'on arrête de parler de liens probables. Ce qui nous importe, c'est la levée d'un blocus inhumain sur Gaza. »

La Rédaction, avec Nicolas Marsan