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Le phare de Cordouan fête ses 400 ans de lumière

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par Claude Canellas LE VERDON, Gironde (Reuters) - Le phare de Cordouan, le "Versailles de la mer" qui illumine l'entrée de l'estuaire de la...

par Claude Canellas

LE VERDON, Gironde (Reuters) - Le phare de Cordouan, le "Versailles de la mer" qui illumine l'entrée de l'estuaire de la Gironde, fêtera samedi ses 400 ans de lumière.

Depuis 1611, le premier bâtiment français classé monument historique, en 1862 en même temps que Notre-Dame-de-Paris, est chargé de marquer l'entrée du fleuve, d'un plateau rocheux de 150 hectares à neuf kilomètres à l'ouest de la Pointe de Grave en Gironde et de la côte charentaise.

Du haut de ses 67,50 mètres, son faisceau lumineux est repérable à une quarantaine de kilomètres à la ronde.

Il est aujourd'hui le dernier phare habité de France et tant sa beauté que son intérêt architectural ont eu raison des velléités de le laisser livré à lui-même au milieu des brisants.

"Le service des Phares et Balises avait décidé en 1980 de vendre le phare rendu inutile par les progrès techniques. C'est pour le sauver de l'oubli que nous avons créé l'Association pour la sauvegarde du phare de Cordouan", dit à Reuters son président-fondateur, Jean-Marie Calbet.

L'intérêt pour Cordouan relancé, les emplois des gardiens et l'entretien du bâtiment assuré, c'est presqu'une seconde vie qui attendait le phare, désormais visité par 23.000 personnes chaque année de mai à octobre, un nombre limité par les marées.

La passion que suscite Cordouan trouve sa source dans sa conception, "une folie d'architecte" selon Jean-Marie Calbet.

"NOUS SOMMES AMIS"

Le visiteur va de surprise en surprise, des fontaines dans le hall d'entrée surmontées de tête de lion en cuivre qui canalisent l'eau ruisselant sur le phare à l'appartement du roi situé à l'étage supérieur, remarquable par son sol en marbre blanc et noir, ses deux cheminées, ses bustes en pierre.

Dans la chapelle, des écussons rappellent les blasons royaux et deux bénitiers en forme de coquilles reçoivent les reflets des vitraux sous la voûte taillée dans la pierre.

En gravissant les escaliers, on peut visiter quatre autres salles avant d'atteindre la lanterne, aujourd'hui automatisée et qui fut longtemps le principal intérêt des gardiens.

C'est en juin 1594 que le contrat de construction fut signé à Bordeaux. Il fallut 27 ans pour achever l'ouvrage qui ne comportait alors que trois étages. La tour présentant quelques signes de fatigue, des travaux furent effectués de 1661 à 1664.

Il fallut cependant attendre 1790 pour voir le phare dans sa configuration actuelle avec une tour qui a doublé de hauteur et donne à Cordouan sa majesté et son surnom de "roi des phares".

Aujourd'hui, quatre gardiens se relaient, dont Jean-Paul Eymond qui a commencé sa carrière il y a 35 ans.

Avec son collègue Serge Andron, ils sont les deux derniers fonctionnaires chargés de Cordouan et partiront à la retraite dans moins d'un an.

"Nous sommes toujours à deux sur le phare. Notre travail consiste à entretenir les lieux, à faire des interventions d'ordre technique", indique-t-il.

Les gardiens vivent une semaine sur place dans des conditions confortables, avec une grande cuisine, une chambre pour chacun et une salle d'eau toute neuve.

Gardien d'une tradition, il se dit "un peu marin".

"On dit toujours 'à bord' quand on parle du phare. Quand il y a des tempêtes c'est très dur. Le bruit qui passe sous les portes et les fenêtres est impressionnant. C'est là qu'on réalise qu'en cas de problème, on est pris comme des rats."

Pour Jean-Paul Eymond, "c'est une vocation" et si "venir sur le phare c'est laisser sa famille à terre", il conclut l'oeil pétillant: "Je suis attaché à ce phare, nous sommes amis".

Édité par Yves Clarisse