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Le personnel pénitentiaire met la pression sur Michel Mercier

Prison de la Santé à Paris. Une cinquantaine de prisons françaises ont été bloquées mercredi par des gardiens demandant davantage de moyens et une renégociation de la réforme pénitentiaire. Après une première action le 15 novembre, le personnel pénitentia

Prison de la Santé à Paris. Une cinquantaine de prisons françaises ont été bloquées mercredi par des gardiens demandant davantage de moyens et une renégociation de la réforme pénitentiaire. Après une première action le 15 novembre, le personnel pénitentia - -

PARIS (Reuters) - Une cinquantaine de prisons françaises ont été bloquées mercredi par des gardiens demandant davantage de moyens et une...

PARIS (Reuters) - Une cinquantaine de prisons françaises ont été bloquées mercredi par des gardiens demandant davantage de moyens et une renégociation de la réforme pénitentiaire, a-t-on appris de source syndicale.

Après une première action le 15 novembre, le personnel pénitentiaire accentue la pression sur le nouveau ministre de la Justice, Michel Mercier, qui ne les a pas encore reçus.

"On sent bien qu'il faut maintenir la pression, car pour l'instant nous n'avons aucun engagement précis de la part du nouveau ministre, même si ça n'est pas simple car il n'a pas encore la maîtrise des dossiers", a dit à Reuters Céline Verzeletti, responsable de la CGT-Pénitentiaire.

Le mouvement a été lancé par ce syndicat et cinq autres dont FO et la CFDT mais n'est pas suivi par l'Ufap, première organisation dans les prisons.

Les blocages sont assurés par des gardiens ne travaillant pas car le personnel pénitentiaire n'a pas le droit de grève.

Les accès aux grandes maisons d'arrêts, comme Fresnes (Val-de-Marne) et Fleury-Mérogis (Essonne), ont été débloqués rapidement dans la matinée par les forces de l'ordre intervenues à coup de gaz lacrymogène.

De nouveaux blocages sont annoncés mercredi soir dans ces deux prisons symboliques. Les syndicats appellent à la reconduction du mouvement mais laissent les personnels décider localement les dates des nouvelles mobilisations.

LE BUDGET DE LA JUSTICE EST FAIBLE

La réforme de la carte pénitentiaire préparée par l'ancienne garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, prévoit la suppression de 23 petites maisons d'arrêt d'ici 2017, représentant 9.000 places. À l'inverse, 14.000 seraient ouvertes dans une vingtaine d'établissements.

La CGT affirme que la fermeture d'une cinquantaine de prisons est prévue à terme et demande au nouveau ministre un moratoire et l'ouverture de négociations.

"On ne rejette pas tout mais on souhaite revoir au cas par cas là où il faut fermer, là où il faut rénover", dit Céline Verzeletti, qui affirme que Michèle Alliot-Marie n'a pas consulté les syndicats avant de réformer la carte pénitentiaire.

Les syndicats demandent davantage de moyens pour ce secteur en crise. Le parc actuel des 191 prisons françaises est régulièrement critiqué du fait de la surpopulation (61.142 détenus au 1er octobre pour 56.000 places) et de sa vétusté.

Ce mauvais état du parc pénitentiaire et un fonctionnement jugé inadéquat par les observateurs indépendants sont considérés comme un facteur des 115 suicides en prison en 2009, un record en Europe, ainsi que de nombreux incidents et évasions.

Avec 7 milliards d'euros dont 2,812 milliards pour l'administration pénitentiaire, le budget de la Justice est l'un des plus faibles d'Europe.

La CGT estime qu'il manque environ 4.000 agents dans tous les secteurs de l'administration pénitentiaire et elle s'oppose à la concession des prisons neuves à de grands groupes privés, une politique engagée depuis 2007.

Clément Guillou, avec Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse