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Le pcf change de chef mais reste en mauvaise posture

Le Parti communiste français se donne un nouveau chef ce dimanche en la personne de Pierre Laurent, lors d'un congrès d'étape à La Défense, près de Paris, mais le nouveau secrétaire national aura fort à faire pour enrayer le déclin d'un parti malade. /Pho

Le Parti communiste français se donne un nouveau chef ce dimanche en la personne de Pierre Laurent, lors d'un congrès d'étape à La Défense, près de Paris, mais le nouveau secrétaire national aura fort à faire pour enrayer le déclin d'un parti malade. /Pho - -

PARIS (Reuters) - Le Parti communiste français se donne un nouveau chef ce dimanche lors d'un congrès d'étape à La Défense, près de Paris, mais le...

PARIS (Reuters) - Le Parti communiste français se donne un nouveau chef ce dimanche lors d'un congrès d'étape à La Défense, près de Paris, mais le nouveau secrétaire national aura fort à faire pour enrayer le déclin d'un parti malade.

Ex-directeur de l'Humanité et homme du sérail, Pierre Laurent succédera à Marie-George Buffet, qui avait dirigé le PCF pendant neuf ans.

Quelques jours après la présentation de la réforme des retraites du gouvernement, et avant la journée de mobilisation du 24 juin, le calendrier fournit à la direction l'opportunité de faire oublier ses difficultés.

Tous les leaders de gauche, de Martine Aubry (PS) à Olivier Besancenot (NPA), devaient en effet assister vendredi soir à la dernière intervention de Marie-George Buffet, une "photo de famille" faisant apparaître le PCF au centre du jeu.

"Rassemblés pour battre la droite. Les communistes entendent mettre en échec le projet de Sarkozy contre les retraites", titrait vendredi le quotidien communiste L'Humanité.

Selon Pierre Laurent, qui s'exprimait dans Le Figaro le même jour, "on nous ressort encore les mêmes fables sur la mort du PCF mais la riposte à la politique du gouvernement que nous allons préparer ce week-end prouvera le contraire".

Mais pour la plupart des analystes, le PCF, malgré la création du "Front de gauche" avec le Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon, n'est plus qu'une sorte de squelette et peine à rester autonome.

"Ce n'est plus qu'un petit parti depuis une quinzaine d'années et, le plus souvent, lors du tour décisif des élections, une force d'appoint pour le PS même si au premier tour les communistes cherchent habituellement à se compter", a expliqué l'universitaire Dominique Andolfatto au journal Libération.

FUITE DES CADRES

"Il est plutôt devenu une sorte de lieu de mémoire, un objet culturel", ajoute-t-il.

De fait, le PCF a obtenu 1,9% des voix lors de la présidentielle de 2007, 4,4% aux législatives suivantes grâce à un accord avec le Parti socialiste et a perdu 145.000 adhérents en quinze ans, selon l'historien du PCF Roger Martelli.

Pour Dominique Andolfatto, le nombre actuel d'adhérents est "probablement loin des 130.000 revendiqués ces dernières années."

La direction rétorque que le parti reste une force locale avec une trentaine de parlementaires, 94 conseillers régionaux, 233 conseillers généraux et plus de 700 maires.

Mais Marie-George Buffet, qui restera membre de la direction et entend demeurer "une parole forte à gauche", a dû faire face le 10 juin au départ public de 200 élus et militants dénonçant la "politique de l'autruche" de la direction.

"Cette fuite des cadres, c'est la conséquence d'un appareil qui refuse de voir la réalité politique", a regretté sur Europe 1 le maire de Nanterre Patrick Jarry, l'un des élus démissionnaires.

L'un des premiers chantiers délicats de Pierre Laurent sera le "Front de gauche" sur lequel Marie-George Buffet a fondé beaucoup d'espoirs mais qui place le parti dans une situation délicate.

Jean-Luc Mélenchon entend en effet rassembler toute la gauche radicale derrière lui pour la présidentielle de 2012.

Or, pour les orthodoxes du PCF, le bouillant député européen cherche à vampiriser le parti, qui risque de disparaître à terme, surtout s'il s'efface derrière Mélenchon au premier tour de la présidentielle.

La question de la candidature du député européen a été repoussée par la direction communiste au congrès prévu en 2011.

François Asensi, député communiste de Seine-Saint-Denis et démissionnaire du PCF, appelle pour sa part le "Front de gauche" à accepter de s'ouvrir à l'ensemble de la gauche de transformation sociale.

"La nouvelle étape du Front de gauche exclut toute possibilité d'élargir ce rassemblement à l'ensemble des organisations et des militants de la gauche de transformation sociale, alors même que cet objectif est désormais revendiqué par toutes ses formations", écrit-il dans un communiqué. "C'est une profonde et nouvelle déception".

Gérard Bon, édité par Sophie Louet