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Le niveau de vie des enfants d'immigrés lié à l'origine

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PARIS (Reuters) - Le niveau de vie des descendants d'immigrés en France est inférieur à celui des enfants de parents nés français et ils sont...

PARIS (Reuters) - Le niveau de vie des descendants d'immigrés en France est inférieur à celui des enfants de parents nés français et ils sont davantage exposés à la pauvreté mais ces écarts peuvent varier fortement selon leur origine, montre une étude de l'Insee publiée jeudi.

La conjugaison de facteurs historiques, démographiques et sociaux se traduit entre autres par un important écart de niveau de vie entre les enfants d'immigrés d'origine européenne et africaine.

Le niveau de vie annuel moyen d'un descendant d'immigrés s'élevait à 19.570 euros en 2008, soit 10% au-dessus de celui des immigrés (17.820 euros) mais 14% en dessous de celui des Français de parents nés français (22.810 euros), selon l'étude, publiée dans l'édition 2011 du rapport de l'Insee sur les revenus et le patrimoine des ménages.

Ces chiffres ne concernent que la France métropolitaine, dont un habitant sur dix était, en 2008, descendant direct d'un ou deux parents immigrés.

Le niveau de vie moyen des descendants d'immigrés est notamment pénalisé par la jeunesse relative des descendants d'immigrés vivant en France, qu'ils soient Français ou étrangers: 35% d'entre eux ont moins de 18 ans, contre 22% chez les Français né de parents français, et 6% chez les immigrés.

"Or, ce sont les jeunes qui font le plus souvent partie des personnes ayant les niveaux de vie les plus faibles", souligne l'étude. "Ils sont nombreux à ne pas avoir de revenus et à dépendre des ressources du ménage dans lequel ils vivent."

Autre facteur discriminant: la situation des descendants d'immigrés sur le marché du travail.

Qu'ils aient un emploi ou soient au chômage, le niveau de vie des descendants d'immigrés actifs est ainsi, en moyenne, inférieur à celui des Français de parents nés français: de 6% pour ceux disposant d'un emploi, de 11% pour les chômeurs.

CLIVAGE

Mais l'Insee précise que les chômeurs sont plus nombreux (11% des actifs) dans cette catégorie de population que parmi les Français de parents nés français (7%).

Quand ils ont un emploi, "les descendants d'immigrés sont moins souvent cadres et professions intermédiaire que les Français de parents nés français", ajoute l'Insee.

L'étude met surtout évidence des écarts non négligeables selon l'origine des parents immigrés: l'écart de niveau de vie par rapport aux Français de parents nés français n'est que de 1% pour un descendant d'un ou deux parents originaires d'un pays européen mais il atteint 30% lorsque le ou les parents ont émigré d'un pays d'Afrique.

Ces différences s'expliquent notamment par "l'ancienneté" de l'immigration, dit l'Insee: les vagues d'immigration de l'Europe vers la France étant plus anciennes que les vagues d'Afrique, le temps a favorisé le processus d'intégration.

Plus étonnant, précise l'Insee, au-delà de 25 ans, le niveau de vie des descendants d'immigrés européens dépasse celui des Français de parents nés français. Un écart de l'ordre de 6%, précise Jean-Louis Lhéritier, chef de département à l'Insee.

Si l'institut ne donne pas d'explication détaillée sur ce point, Jean-Louis Lhéritier note qu'une partie des enfants d'immigrés européens ont des parents venus vivre en France pour y occuper des fonctions de cadre ou de haut niveau dans des multinationales.

Les écarts en fonction de l'origine des parents se retrouvent dans les chiffres de la pauvreté publiés par l'Insee.

Un descendant d'immigré sur cinq (21,1%) vit sous le seuil de pauvreté, qui correspond à 60% du niveau de vie médian, soit 949 euros par mois pour 2008.

Une proportion supérieure à la moyenne nationale, qui est de 13,0% selon l'Insee (7,8 millions de personnes) et deux fois supérieure à celle des enfants de parents nés français (10,6%).

Au-delà, "le risque d'être pauvre reste significativement plus élevé" pour les moins de 25 ans dont le ou les parents sont immigré(s) en provenance d'Afrique que pour les Français de parents nés français", souligne l'Insee.

"En revanche, un descendant d'immigré(s) européen(s) a, au même âge, un risque d'être pauvre très proche de celui d'un Français de parents nés français."

Marc Angrand, édité par Yves Clarisse