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Le mouvement anti-tourisme va-t-il s'exporter en France?

Un autocollant anti-tourisme à Barcelone, le 13 mai 2017.

Un autocollant anti-tourisme à Barcelone, le 13 mai 2017. - PAU BARRENA / AFP

Alors que les manifestations contre le tourisme de masse se multiplient en Europe, les élus du Pays Basque, une région qui accueille de très nombreux vacanciers, plaident pour maintenir le bon équilibre.

Y a-t-il trop de touristes au Pays Basque? Voilà la question posée ce lundi par France Bleu Pays Basque, alors que la saison estivale bat son plein et que les manifestations anti-tourisme se multiplient dans plusieurs villes d'Europe. Le mouvement est particulièrement actif en Italie, à Venise notamment, mais aussi en Croatie ou encore en Espagne, comme à Barcelone ou Palma de Majorque. Jeudi 17 août, une marche contre le tourisme de masse est d'ailleurs prévue en marge d'une fête traditionnelle basque à Saint-Sébastien, dans le pays basque espagnol, à quelques kilomètres seulement de la frontière française.

Ce mouvement de protestation - qui dénonce les effets du tourisme sur l'immobilier, sur la qualité de vie des habitants mais aussi sur l'environnement - est-il en train de s'exporter en France? La photo d'un tag "Parisien dégage, t'as Paris plage", prise à Biarritz, a par exemple été postée sur Twitter et reprise par plusieurs médias. Faut-il y voir pour autant la naissance d'un mouvement similaire à celui qui agite l'Espagne? A ce stade, la question est en tout cas soulevée sur le terrain, par les habitants mais aussi les élus.

Elargir la saison touristique

Sur Franceinfo ce mardi, Mathieu Bergé, conseiller municipal de Bayonne et conseiller régional de la coopération transfrontalière, a défendu un tourisme "équilibré", fondé sur "l'authenticité" du Pays Basque, par opposition avec un tourisme de masse.

"On aspire à élargir la saison touristique tout au long de l'année et non pas résumer le pays basque qu'au tourisme. C'est un territoire où nous avons de l'industrie, de l'aéronautique, une agriculture de qualité, un port industriel. Nous tenons à développer un territoire équilibré", fait-il valoir.

Cet enjeu est selon lui "une question globale liée à l'ubérisation des pratiques touristiques", qui exerce en particulier une pression sur les logements. D'après les chiffres du Comité départemental du tourisme, cités par France Bleu, plus de 2,5 millions de touristes ont séjourné dans le Pays Basque l'an dernier en juillet et août, dont 80% étaient concentrés sur une bande littorale de 30 kilomètres.

Une saturation à relativiser

"Que nous soyons un territoire attractif, nous l'assumons. Que nous ayons besoin du tourisme pour pouvoir faire vivre nos populations, nous l'assumons également. Simplement, il faut le faire de manière équilibrée. C'est le rôle des politiques d'utiliser les lois qui nous permettent de travailler sur cette pression immobilière notamment avec la possibilité de surtaxer les résidences secondaires. C'est ce qui a été fait par une grande partie des communes du Pays-Basque", souligne aussi Mathieu Bergé.

Dans le Pays Basque, certaines communes doublent ou triplent leur population l'été, mais comme le rappelle le président du Comité départemental du tourisme au micro de Franceinfo, le département des Pyrénées-Atlantiques n'est que la 15ème destination française.

"On n'est pas du tout dans un cadre de saturation mais il faut essayer de sortir d'une vision trop égocentrique. La compétition en matière de tourisme entre les destinations est très forte. Si nous ne défendons pas nos chances, nous perdrons des parts de marchés", relativise quant à lui le maire de Biarritz, Michel Veunac.

Charlie Vandekerkhove