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Le Mont Saint-Michel s'offre une nouvelle approche

Au printemps 2012, le Mont Saint-Michel n'offrira plus que deux solutions pour le rejoindre: emprunter des navettes ou franchir à pied les deux kilomètres qui le séparent du continent. Lancés en 2005 avec la construction d'un barrage hydraulique sur le Co

Au printemps 2012, le Mont Saint-Michel n'offrira plus que deux solutions pour le rejoindre: emprunter des navettes ou franchir à pied les deux kilomètres qui le séparent du continent. Lancés en 2005 avec la construction d'un barrage hydraulique sur le Co - -

par Pierre-Henri Allain RENNES (Reuters) - Au printemps 2012, pour la première fois de son histoire, le Mont Saint-Michel n'offrira plus que deux...

par Pierre-Henri Allain

RENNES (Reuters) - Au printemps 2012, pour la première fois de son histoire, le Mont Saint-Michel n'offrira plus que deux solutions pour le rejoindre: emprunter des navettes ou franchir à pied les deux kilomètres qui le séparent du continent.

Plus question de se rendre avec son propre véhicule jusqu'au pied du célèbre monument comme c'est le cas aujourd'hui.

Lancés en 2005 avec la construction d'un barrage hydraulique sur le Couesnon, la rivière qui se jette dans la baie, les travaux visant à rétablir le caractère maritime du Mont Saint-Michel sont en effet entrés dans une phase décisive avec l'achèvement de nouveaux parkings et la construction d'une nouvelle digue et d'un pont-passerelle.

"C'est la fin d'un marathon qui a démarré en 1995 avec les premières études et le début du sprint final", résume François-Xavier de Beaulincourt, directeur du syndicat mixte chargé du projet.

"Les prochains accès au Mont représentent un changement radical et permettront de le replacer dans son milieu naturel et de le protéger en faisant reculer la pression touristique", ajoute t-il.

Depuis sa fondation en 709 par l'évêque d'Avranches qui fit construire sur ce rocher un oratoire dédié à l'archange Saint-Michel, des générations de pèlerins se sont méfiés des marées qui, "à la vitesse d'un cheval au galop", pouvaient cerner le monument, appelé au moyen-âge "Mont Saint-Michel au péril de la mer".

Au cours des siècles, sous les effets conjugués de la poldérisation puis de la sédimentation provoquée par l'actuelle digue routière, les terres et prés salés se sont fortement rapprochés de l'îlot rocheux, menaçant d'effacer son caractère ancestral.

"Avant la construction du barrage, des bandes herbues arrivaient à quelques dizaines de mètres des remparts et, selon certaines études, le Mont aurait été complètement entouré d'herbe en 2042", souligne François-Xavier de Beaulincourt.

Difficile d'imaginer la huitième Merveille du monde, classée en 1979 au patrimoine mondial de l'Unesco, sans son immense baie régulièrement balayée par les vagues et où se reflètent tous les caprices du ciel.

NAVETTES ET PARCOURS PIÉTONNIERS

Le barrage, inauguré en 2009 à la sortie du Couesnon, par ses effets de chasse d'eau, a déjà commencé à rétablir l'ordre naturel. Mais les prochaines années vont permettre de poursuivre cet effort tout en inaugurant une nouvelle approche du monument.

Situés à 2,5 kilomètres de la célèbre Abbaye, érigée au Xe siècle par des moines bénédictins et qui abrite aujourd'hui les membres de la Fraternité monastique de Jérusalem, les nouveaux parkings (4000 places) proposeront à partir du printemps 2012 deux solutions au visiteur.

Après avoir franchi à pied quelques centaines de mètres pour rejoindre le barrage, ce seront des navettes, motorisées ou tirées par des chevaux, qui le conduiront 24h sur 24, sept jours sur sept, jusqu'au Mont.

Les plus courageux pourront quant à eux choisir entre deux parcours piétonniers pour rejoindre la fameuse auberge de la Mère Poulard et les escaliers bordés de marchands de souvenirs qui grimpent vers les chefs-d'oeuvres artistiques que sont l'abbatiale et la Merveille, où vivent moines et moniales.

Jusqu'en 2014, les navettes continueront à circuler sur la digue actuelle avant qu'une digue nouvelle et un élégant pont-passerelle, comme posé sur la baie, ne prennent sa place.

La digue routière, empêchant les mouvements des marées et des courants depuis sa construction en 1879, sera alors détruite ainsi que les parkings actuels qui s'étendent sur quinze hectares de surface goudronnée au pied du Mont.

"Un gué complètera l'accès au Mont Saint-Michel sur 120 mètres entre le pont passerelle et la grande porte. Il sera submersible lors de grandes marées, entre 20 et 80 heures par an, lui redonnant une insularité totale", précise François-Xavier de Beaulincourt.

Parallèlement, des travaux vont débuter pour nettoyer en amont l'estuaire et le lit du Couesnon et favoriser ainsi son écoulement, augmentant d'autant les capacités de chasse d'eau du barrage.

L'ensemble du projet, financé par l'Europe, les collectivités territoriales, l'Etat mais aussi la société Veolia pour la partie stationnement et navettes, représente une enveloppe globale de 204 millions d'euros.

Visité, selon l'estimation du syndicat mixte, par quelque 2,5 millions de personnes chaque année, l'endroit valait bien pareil effort.

Edité par Patrick Vignal