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Le meurtrier présumé de Christelle Blétry, un homme "insoupçonnable"

La maison où les forces de l'ordre sont venues interpeller l'auteur présumé, à Retjons, dans les Landes.

La maison où les forces de l'ordre sont venues interpeller l'auteur présumé, à Retjons, dans les Landes. - BFMTV

L'homme, âgé de 56 ans, était un père de famille de deux enfants. Selon les enquêteurs, il est rentré chez lui, comme si de rien n'était, après avoir porté 123 coups de couteau à sa jeune victime.

Insoupçonnable. C'est ainsi que les enquêteurs décrivent l'homme mis en examen pour le meurtre de Christelle Blétry, une jeune femme de 20 ans tuée en 1996 à Blanzy, en Saône-et-Loire. Ce sont les analyses ADN qui, 18 ans plus tard, ont permis de confondre ce père de famille aujourd'hui âgé de 56 ans.

Christelle Blétry rentrait chez elle à pied, le soir du 28 décembre 1996, après une soirée avec des amis. Son corps avait été retrouvé lardé de 123 coups de couteau. Les investigations avaient donné lieu à des centaines de procès-verbaux, 150 auditions, une quinzaine de suspects et plusieurs expertises génétiques. En vain.

En 2014, le juge d'instruction et la PJ avaient décidé de relancer des analyses ADN en reprenant l'intégralité des scellés, ce que demandait avec force la mère de la victime. Grâce à l'évolution des techniques, un nouveau profil a pu être établi. Comparé au fichier national des empreintes génétiques, il a permis de confondre un homme condamné en 2004 pour une tentative d'agression sexuelle dans la même région.

Il est rentré "comme si de rien n'était"

En dépit de cette condamnation, pour lequel il a purgé une peine de prison, "rien ne laissait soupçonner qu'il avait commis un crime en 1996", a fait remarquer Christophe Rode, le procureur de Chalon, lors d'une conférence de presse ce vendredi. A l'époque, l'homme était âgé de 38 ans, père et habitait Blanzy avec sa famille. "Il avait une vie normale, c'était un salarié d'une entreprise de la région", a précisé Paul Montmartin, directeur de la police judiciaire de Dijon, présent aux côtés du magistrat.

L'homme vivait "dans un lieu très proche du domicile de la victime", mais il n'avait a priori pas de lien avec Christelle Blétry. Inconnu des services de police, il n'a donc, à l'époque, pas été interrogé.

L'histoire de sa rencontre avec la victime, telle que les enquêteurs ont pu la retracer, a pourtant de quoi glacer. "Après le travail ce soir-là, il est allé dans un bar de Chalon-sur-Saône, il a passé la soirée avec des collègues de travail. Puis il est rentré à son domicile à Blanzy et il a croisé par hasard Christelle Blétry qui marchait à pied sur la route", relate le procureur. Il a accosté la jeune femme, voulant l'entraîner de force dans sa voiture, mais celle-ci s'est échappée. L'homme l'a alors rattrapée, a sorti son couteau et s'est acharné sur elle. Il a laissé son corps à l'endroit où il l'avait tuée, est rentré chez lui et a repris sa vie normale, "comme si de rien n'était", a précisé le magistrat.

"Il est parvenu à cliver totalement son existence", a résumé Christophe Rode.

"Il s'est réinséré facilement"

Mais comment se fait-il qu'un rapprochement n'est pas été fait en 2004? "Le mode opératoire n'était pas du tout le même", souligne procureur de Chalon. Cette fois-là, l'homme "est entré dans un domicile sous un prétexte fallacieux en se présentant comme un employé des eaux ou du gaz (...) et il a attaqué la femme qui se trouvait à l'intérieur", relate-t-il. Une agression calculée, loin du meurtre sauvage de Christelle Blétry, sur qui le meurtrier s'est acharné.

Après sa condamnation en 2004, l'homme a purgé sa peine. Puis, comme après le meurtre de 1996, il a su se faire oublier. Il a divorcé, changé de région. De Bourgogne, il s'est établi en Aquitaine. D'abord en Gironde, puis dans les Landes, où il a été interpellé. "Il s'est réinséré assez facilement, il a retrouvé un travail" comme ouvrier agricole, souligne Christophe Rode, vivait à Retjons, un village de 300 habitants près de Mont-de-Marsan, avec sa nouvelle épouse et ses deux enfants. Sans l'évolution des techniques ADN, il serait resté insoupçonné.

Désormais, ses aveux changent la donne. Les familles de sept autres victimes ou disparues en Saône-et-Loire à la même époque, surnommées "les disparues de l'A6" voient dans son arrestation un espoir de réouverture de leur propre dossier. Aux enquêteurs de déterminer si cet acte était isolé ou s'il avaient affaire à un potentiel tueur en série.