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Société

Le maire de Stains mis en demeure d'effacer une partie de la fresque en hommage à Adama Traoré

Près de 200 policiers ont manifesté ce lundi pour condamner une fresque dénonçant les "violences policières", jugée "stigmatisante" par les forces de l'ordre. Le préfet leur a donné raison.

Les forces de l'ordre ont obtenu gain de cause. Près de 200 policiers étaient rassemblés ce lundi sur le parvis de la préfecture de Seine-Saint-Denis, à Bobigny, pour condamner la fresque récemment inaugurée à Stains représentant Adama Traoré et George Floyd et dénonçant "le racisme et les violences policières".

Six représentants du syndicat Alliance ont été reçus par le préfet. "Il nous a assuré qu'il allait saisir (le maire de Stains) par écrit et le mettre en demeure d'effacer le mot 'policiers' afin qu'aucun amalgame ne soit fait entre racisme, violence et policiers", a déclaré au sortir de l'entrevue Ivan Assioma, du syndicat, à l'origine du rassemblement.

Le préfet a "renouvelé sa totale confiance envers les policiers du département", a ajouté le syndicaliste. Contactée par l'Agence France Presse (AFP), la préfecture de Seine-Saint-Denis n'a pas souhaité s'exprimer "au vu de la période de réserve électorale".

"Quand vous appelez le 17 Police secours, on ne vous demande pas votre nationalité", a déclaré Grégory Goupil, du syndicat Alliance, dénonçant la "stigmatisation de toute une profession". "En 2020 ce n'est pas acceptable de dire que la police est raciste, regardez autour de vous", a-t-il ajouté en montrant les policiers rassemblés. "La police est le reflet de la société".

Le syndicat Alliance avait dans un premier temps, samedi, appelé les fonctionnaires à se réunir devant la fresque, avant de se raviser et d'appeler à manifester devant la préfecture à Bobigny.

"Si une lettre disparaît..."

Au même moment à Stains, quelque 150 personnes se sont rassemblées devant la fresque controversée à l'appel du Comité Adama Traoré, du nom du jeune homme noir mort en juillet 2016 après son interpellation par les gendarmes à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise), selon une source policière.

"Si cette fresque disparaît, si une lettre disparaît, le seul responsable sera le syndicat de police Alliance", a dit Assa Traoré, la sœur d'Adama, sur des vidéos relayées sur les réseaux sociaux.

Réalisée par un collectif d'artistes locaux et inaugurée jeudi en présence du maire, cette fresque représente, sur un fond bleu agrémenté de nuages, les visages de George Floyd, Américain noir asphyxié par un policier blanc lors de son interpellation aux États-Unis, et d'Adama Traoré. Une phrase les surplombe: "Contre le racisme et les violences policières".

"Une expression artistique"

En réponse, le comité Adama avait lui aussi appelé à se rendre sur les lieux de la fresque. "Effacer mon frère, recouvrir son visage, c'est nier son existence. (...) C'est profaner nos morts", s'était insurgée Assa Traoré dimanche, dans une vidéo en ligne.

Le maire communiste de Stains, Azzédine Taïbi, avait fait part de ses inquiétudes quant à un rassemblement pouvant constituer "une menace à l'ordre public".

"Cette fresque est une expression artistique et pacifiste, en soutien et hommage à toutes les victimes de l'injustice", avait affirmé Azzédine Taïbi, estimant qu'il fallait "dénoncer les comportements inadmissibles de certains policiers qui outrepassent leurs droits."

Raphaël Maillochon et Florian Bouhot avec AFP