Le « gang des Barbares » rejugé en appel

Ce lundi matin s’ouvre le procès en appel du « gang des Barbares » à la Cour d'Assises d'appel des mineurs de Créteil. A la demande de la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, le parquet a fait appel pour les condamnations de 18 accusés sur 27.

Ils faisaient partie du « gang des Barbares ». Pendant 3 semaines, ils avaient séquestré et torturé Ilan Halimi parce qu'il était juif. C'était en janvier 2006. Ce meurtre avait relancé le débat sur l'antisémitisme en France.

18 personnes vont être rejugées en appel à partir de ce lundi et pendant 2 mois. Geôliers ou appâts, elles avaient obtenus des condamnations de 10 à 18 ans de prison ; des peines inférieures à ce qui avait été requis par le parquet. Voulant faire de ce procès un jugement exemplaire, la garde des Sceaux elle-même, Michèle Alliot-Marie, avait demandé l'appel.

Le chef de gang, Youssouf Fofana, a déjà écopé de la peine maximale : 30 ans de réclusion criminelle assortis d’une peine de sureté de 22 ans. Il sera présent, en tant que témoin. Le parquet n'a pas fait appel de sa condamnation car il avait reçu la peine maximale. Le verdict pour les 18 accusés sera connu le 17 décembre.

« La publicité des débats permettra de comprendre »

Francis Szpiner, avocat de la famille Halimi, plaidera ce lundi pour la levée du huis clos. Elle n'aurait pourtant aucune incidence sur le jugement. Il s’en explique sur RMC : « Il faut que les gens comprennent et sachent ce qu’il s’est passé. La publicité des débats permettra à des jeunes gens de comprendre, qu’à partir d’une demande qui peut paraître anodine ou peu grave, on entre dans un engrenage criminel. C’est pour que d’autres affaires de ce type ne se produisent pas, pour briser la loi du silence, que nous souhaitons ce procès public. »

« Le politique veut absolument s’en mêler »

Didier Seban, avocat de Nabil, l'un des geôliers d'Ilan, qui avait écopé de 13 ans de prison l'an dernier, ne comprend pas l'appel demandé par la ministre de la Justice et dénonce une instrumentalisation politique : « Il y a quelque chose d’extrêmement choquant. On a l’impression que le politique veut absolument s’en mêler, en faire une affaire emblématique de l’antisémitisme, alors même que la plupart des personnes qui sont renvoyées devant la Cour d’Assises ne sont pas renvoyées pour la circonstance aggravante de racisme. On se trompe de procès. On n’est pas dans un procès pour l’exemple comme aimerait le faire croire la garde des Sceaux. On est dans un procès d’une affaire terrible, mais malheureusement de délinquance ordinaire. »

« Ce n’est pas le procès de l’antisémitisme »

Pour Françoise Cotta, avocate du gardien de l'immeuble où était enfermé Ilan Halimi, ce procès en appel est inutile et douloureux pour tout le monde. Elle va demander le témoignage de Michèle Alliot-Marie à la barre et s’en explique sur RMC : « Je crois qu’il est nécessaire que les jurés populaires qui vont à nouveau siéger, les magistrats qui vont siéger, sachent exactement pourquoi ils se retrouvent à nouveau durant deux mois devant une Cour d’Assises. Nous subissons tous ce procès, qui a été diligenté par le politique. Le judiciaire aurait pu en rester là où il en était arrivé. Ce procès est le procès d’hommes et de femmes. Ce n’est pas le procès de l’antisémitisme. »

Ndlr : Selon le porte-parole du ministère de la Justice, Michèle Alliot-Marie a peu de chance de venir témoigner. Sa demande d'appel est tout à fait légale. De plus, elle a déjà reçu une demande écrite du président de la Cour d'Assises à qui elle a renvoyé une lettre indiquant qu'elle n'était pas témoin direct du drame, qu'elle n'avait rien à ajouter, et qu'elle ne viendrait donc pas témoigner.

bourdinandco - avec Aurélia Manoli